Mali: le Premier ministre à Kidal, une première depuis mai 2014

Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga (à gauche) avec Mahamat Saleh Annadif chef de Mission de l'ONU (Minusma).

Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga (à gauche) avec Mahamat Saleh Annadif chef de Mission de l'ONU (Minusma). . DR

Le 23/03/2018 à 19h21

Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga est arrivé vendredi à Kidal, une première depuis près de quatre ans dans ce bastion de l'ex-rébellion dans le nord du Mali, où une attaque jihadiste la veille a blessé cinq militaires français.

L'hélicoptère amenant Maïga et sa délégation s'est posé peu après 10H00 GMT sur la base de la Mission de l'ONU (Minusma), où le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, est venu l'accueillir, a constaté un correspondant de l'AFP. Il devait ensuite rencontrer les autorités locales.

Maïga a entamé jeudi avec huit de ses ministres une tournée dans le nord et le centre du pays, par une étape à Tessalit (nord-est), près de la frontière algérienne, où il a dû passer la nuit après le report à vendredi de l'étape hautement symbolique de Kidal, officiellement pour des raisons météorologiques.

Jeudi matin, une attaque contre le camp de la Minusma et de la force française Barkhane y a fait cinq blessés légers parmi les militaires français, selon l'état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels.

Le "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans", principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, formée en 2017 et dirigée par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly, a revendiqué cette attaque.

Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le groupe affirme que ses combattants sont parvenus à tirer une salve de roquettes sur le camp, "malgré les strictes mesures de sécurité prises par l'ennemi pour accueillir le Premier ministre du gouvernement collaborateur malien".

Le chef de la Minusma a condamné l'attaque, qualifiée dans un communiqué de "tentative lâche perpétrée par les ennemis de la paix dans le but d'entraver ces évolutions positives symbolisées par la visite du Premier ministre à Kidal, qui est un signal fort pour la paix et la réconciliation au Mali".

La ministre française des Armées Florence Parly a également estimé jeudi à Paris qu'il existait "très probablement un lien entre cette attaque et l'intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal".

Difficile retour de l'Etat

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) n'a pas officiellement posé de conditions à la venue de Maïga.

En octobre 2016, la présence lors de la rentrée des classes du gouverneur de Kidal lors d'une cérémonie avec levée du drapeau malien avait esquissé un début de retour de l'Etat dans cette zone.

L'Etat malien n'avait pas repris pied à Kidal depuis des combats en mai 2014 pendant une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, qui s'étaient soldés par une lourde défaite de l'armée face aux rebelles.

A Tessalit, Maïga a rencontré les habitants et déjeuné avec les militaires maliens stationnés dans cette localité.

Il a promis aux militaires maliens de les "mettre dans les meilleures conditions pour faire face à l'ennemi commun qui est le terrorisme". "Il est important que vous sachiez que vous n'êtes pas seuls", leur a-t-il dit.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/03/2018 à 19h21