Mali. Manifestation réprimée: l'opposition s'indigne, l'ONU s'inquiète

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Le 03/06/2018 à 10h58, mis à jour le 03/06/2018 à 11h06

L'opposition au Mali a réclamé la démission du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga après la répression samedi d'une manifestation, interdite, qui a fait selon elle une trentaine de blessés, à deux mois de l'élection présidentielle.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré "suivre avec préoccupation l'évolution de la situation au Mali", où il vient d'effectuer une visite les 29 et 30 mai, et "les violents affrontements déclenchés par la tenue de manifestations de l'opposition dans la capitale Bamako", selon un communiqué publié dans la soirée.

"Sur une douzaine de sites, les manifestants aux mains nues ont été attaqués à coups de grenades lacrymogène et de gourdins", a dénoncé dans un communiqué le cabinet du chef de l'opposition, Soumaïla Cissé, candidat à la présidentielle prévue le 29 juillet.

"Le siège de l'ADP (Alliance Démocratique pour la Paix) a été violé par les forces spéciales de la police, qui y ont jeté des grenades. Les services de sécurité du Premier ministre ont tiré à balles réelles sur des manifestants regroupés" devant le siège de ce parti où s'étaient réunis des dirigeants de l'opposition, selon le communiqué.

L'opposition assure qu'"une trentaine de blessés ont été admis" au centre hospitalier universitaire de Bamako. "Trois responsables de l'opposition ont été violemment frappés sur la tête avec des gourdins et des matraques". Deux personnes, dont le politologue et opposant Etienne Fabaka Sissoko, "étaient dans le coma", selon la même source.

"L'intention du gouvernement était claire: terroriser l'opposition et toutes les forces démocratiques", poursuit l'opposition, qui "exige la démission du Premier ministre". Ses dirigeants doivent s'exprimer lors d'une conférence de presse dimanche à 10H00 (GMT et locales) et ont déjà appelé à une nouvelle manifestation vendredi 8 juin.

Guterres a appelé "toutes les parties au calme et à la retenue" exhorté "les acteurs politiques et de la société civile à privilégier le dialogue pour maintenir un environnement propice à la tenue d’élections crédibles et transparentes", selon le communiqué de l'ONU.

Malgré l'état d'urgence

La Coalition pour l'Alternance et le Changement avait maintenu son mot d'ordre de rassemblement malgré l'interdiction décrétée par le gouverneur de Bamako en vertu de "l'état d'urgence toujours en vigueur". En milieu de journée, une source hospitalière avait fait état "d'au moins 12 blessés, dont un policier".

Dès le début de la matinée, la police était intervenue à coups de matraques et de gaz lacrymogène à plusieurs endroits de Bamako, ont constaté des correspondants de l'AFP, qui ont vu plusieurs blessés étendus au sol.

Le ministère de la Sécurité a justifié l'intervention des forces de l'ordre par la volonté "d'empêcher tout attroupement de nature à troubler l'ordre public".

"Les maîtres mots pour les forces de l'ordre restent professionnalisme, courtoisie et fermeté", avait-il indiqué dans un communiqué, en dénonçant les manifestants qui ont "blessé un policier à la tête" mais sans évoquer de blessés parmi les manifestants.

Le secrétaire général de l'ONU "déplore l'interdiction par le gouvernement de la tenue de manifestations des partis de l'opposition", a dit son porte-parole adjoint, Farhan Haq, cité dans le communiqué.

Il "appelle également le gouvernement malien à assurer la protection des droits de l'homme fondamentaux et la liberté d'expression et de manifester pacifiquement, y compris dans le cadre de l'état d'urgence actuellement en vigueur", a-t-il ajouté.

L'opposition réclame des élections transparentes et un "égal accès à l'ORTM", la radio-télévision publique.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, a annoncé le 28 mai officiellement sa candidature à un second mandat. Il retrouvera sur sa route une quinzaine d'adversaires.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/06/2018 à 10h58, mis à jour le 03/06/2018 à 11h06