Sahel: Tabital Pulaaku dénonce "un génocide" contre les Peuls

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Le 06/01/2019 à 13h29, mis à jour le 06/01/2019 à 13h34

L'association Tabital Pulaaku Internationale (TPI), organisation dédiée à la promotion de la culture peule, dénonce les massacres de Peuls au Mali, qualifiés de "génocide" dans un document publié ce week-end.

Tabital Pulaaku Internationale (TPI), organisation dédiée à la promotion de la culture peule, exprime une profonde indignation face aux massacres des Peuls dans le centre du Mali, qualifiés de «génocide», et pointe du doigt la responsabilité des autorités de Bamako, à travers une déclaration rendue publique samedi.

A travers le chapelet de comptabilité macabre qui s’égrène dans ce pays, le dernier «haut fait de guerre» est servi à l’opinion africaine et internationale sous la forme d’un massacre perpétré dans le village de Koulogon Peul (région de Mopti).

Un acte de barbarie enregistré au cours de la nuit du 1er au 2 janvier 2019, qui a fait 37 victimes parmi lesquelles notamment des femmes et des enfants. Au même moment, «des exactions ont été commises dans les villages de la commune de Dialassougou, notamment Sangara, Tireh, Doukoro et Kourkanda», rapportent plusieurs sources concordantes citées par la presse locale et internationale.

Ces actes sont généralement attribués à des milices «d’autodéfense» constituées par des chasseurs dogons et issus d’autres ethnies, sous le regard complice des autorités sécuritaires, voire politiques. La déclaration de TPI insiste sur «le caractère génocidaire de ces faits, commis sous le fallacieux prétexte que les Peuls de cette zone seraient des djihadistes. Des crimes qui montrent, au grand jour, que la véritable raison de ces violences, commanditées au plus haut niveau, se trouve ailleurs. En instrumentalisant la milice communautaire dogon, Dan Nan Ambassougou, l’objectif est tout simplement de nettoyer la zone de tous ses habitants peuls.

Si tel n’était pas l’objectif non avoué, comment interpréter alors les massacres aveugles contre de paisibles populations civiles, la destruction de leurs villages, et l’extermination massive par armes de leurs bétails à plusieurs endroits des cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et ailleurs? Pire, comment peut-on, comprendre que tous ces massacres, se produisent à un rythme presque quotidien, sans que l’armée ou le gouvernement maliens, les forces internationales présentes sur le terrain, notamment Barkhane, n’interviennent pour protéger les populations civiles», peut-on-lire sur le document de l’association.

Les faits dénoncés par TPI au centre du Mali sont récurrents depuis 2012. Mais l’organisation semble désormais redouter un effet domino dans les pays voisins «car le Burkina Faso vient de connaître également des affrontements communautaires à plusieurs endroits».

Au-delà du Mali et du Faso, le document déplore également la situation vécue par la communauté peule dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et le bassin du lac Tchad, tout en insistant sur le caractère particulièrement grave du cas du Mali.

Dans ce pays, confronté à un processus de délitement avancé de l’Etat de droit, sinon de l’Etat tout simplement, il y a des observations légitimes et troublantes formulées par de nombreux observateurs. Les forces de l’ordre et leurs milices alliées savent parfaitement où se cachent les véritables terroristes. Pourquoi s’en prennent-elles alors à des femmes et des enfants issus de l’ethnie peule?

Parmi les terroristes, il y a certes des Peuls, mais aussi des Touaregs, des Maures, des Bambaras… Pourquoi une seule composante est-elle visée par les représailles perpétrées sous forme de crimes de masse notées depuis 2012?

Le crime de génocide est défini comme «l’extermination systématique d’un groupe humain de même race, langue, nationalité ou religion par racisme, ou par folie». L’exécution de cette infraction, la pire de toutes celles-ci définies par la législation pénale internationale, suppose l’existence d’un plan préalable concerté.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 06/01/2019 à 13h29, mis à jour le 06/01/2019 à 13h34