Pour la presse algérienne, l’échec du sommet arabo-africain est entièrement de la faute du Maroc. Les supports médiatiques algériens se sont gardés de relever que l’intrus qu’est la république autoproclamée du Sahara était bien absent lors des trois premiers sommets. Au Caire, en 1977, deux ans après la Marche verte et un an après la proclamation de la RASD, nul ne pensait l’y associer. Puis, en 2010 et 2013, à Syrte en Libye et à Koweït City, il n’était même pas question de brandir l’emblème du mouvement séparatiste aux abords du sommet.
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Se gardant de rappeler que le Polisario n’a jamais siégé au sein de l’ONU, donc qu'il n'a jamais été à côté des 8 autres pays arabes qui ont choisi de quitter le sommet, l’éditorialiste d’El Watan décoche ses flèches. "En ameutant tous ses amis du golfe contre le Sahara occidental, le Maroc a montré ses vraies intentions derrière sa demande d’intégrer l’Union africaine (UA). Il veut chasser le Polisario de cette organisation", accuse-t-il. Tel un oiseau de mauvais augure, il prédit déjà le "rejet de la demande" du Maroc "en janvier prochain".
Le site Tout sur l’Algérie n’est pas plus tendre et se rallie également à la thèse d’Alger. "En décidant de se retirer de ce sommet, le royaume a réussi à semer la division entre les pays africains et arabes et tenté de diviser l’Afrique, en mettant ses alliés devant un choix difficile".
Evidemment, ces analyses ignorent au moins deux choses. La première c’est qu’Alger a beau vouloir donner au mouvement indépendantiste de l’importance, on ne pas imposer à des Etats, quant à eux indépendants, comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar de s’assoir à la même table que le Polisario.
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Tant qu’on y est, pourquoi ne pas demander d’ajouter à New York, un siège pour tous les indépendantistes ou les autoploclamés du Monde ? Un pour les rebelles du MFDC de la Casamance, un autre pour le FDLR du Rwanda, encore un autre pour l’Etat Islamique, lui aussi autoproclamé. En droit international, il y a des règles dont Alger veut bien se. Les avoir violées une fois, grâce à l’imposture qui a fait accepter la RASD au sein de l’OUA de l’époque, ne donne pas le droit de l’imposer à tout le monde.
La deuxième chose devant laquelle Alger et ses alliés ferment volontiers les yeux, c’est le soutien massif des pays africains à la cause marocaine. Puisqu’en juillet dernier, sur les 54 membres de l’Union africaine, 28 ont officiellement demandé la suspension de la RASD, exigeant d'attendre que la question du Sahara soit tranchée par l’ONU.
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