FMI: le manque d’emplois, la bombe à retardement du monde arabe

Christine Lagarde, directrice générale du FMI.

Christine Lagarde, directrice générale du FMI. . DR

Le 30/01/2018 à 14h51, mis à jour le 30/01/2018 à 16h53

Le défi majeur du monde arabe est de trouver du travail aux 27 millions de jeunes qui vont entrer sur le marché au cours des cinq prochaines années. Christine Lagarde, directrice du FMI, estime que les progrès obtenus en matière d’emploi restent «insuffisants jusqu’à présent».

A l'occasion de la conférence du Fonds monétaire international (FMI) ayant pour thème «Opportunités pour tous: croissance, l’emploi et l’inclusion sociale dans le monde arabe» et qui se tient du 29 au 31 janvier courant à Marrakech, Christine Lagarde, la directrice du FMI, a tiré la sonnette d’alarme.

Dans son discours d’ouverture, lors de cette manifestation coorganisée par le gouvernement marocain, le FMI et le Fonds monétaire arabe (FMA), elle a souligné que si les pays de la région privilégient la création d’emplois et enregistrent des progrès dans ce domaine, ceux-ci restent encore «insuffisants jusqu’à présent».

Or, la situation est inquiétante, voire alarmante. En effet, selon Christine Lagarde, plus de 27 millions de jeunes du monde arabe viendront grossir le marché du travail au cours des cinq prochaines années, soit 5,5 millions par an. Or, souligne la directrice du FMI, la région affiche déjà le taux d’emploi le plus faible du monde avec une moyenne de 52%.

Selon elle, d’après les enquêtes, 60% des sondés au niveau de la région estiment que le népotisme est le principal moyen pour trouver des emplois.

Cette situation explique le mécontentement croissant des jeunes dans de nombreux pays arabes. D’où la nécessité de prendre des mesures urgentes et adéquates à même de créer des emplois pour cette jeunesse.

Seulement, la croissance économique de la région, à cause notamment des conséquences des révolutions qui ont touché la région depuis 2011 et de la chute des cours du baril de pétrole et de certaines matières premières, reste globalement faible. En effet, celle-ci s’est rétablie et devrait se situer autour de 3,5% en 2018 et 2019. Reste que ces croissances demeurent faibles sachant que durant la période 2000-2008, la région a enregistré une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 5,6%.

Certains pays de la région ont adopté des modèles de croissance, entamé des réformes structurelles et pris des mesures pour améliorer l’environnement des affaires afin de favoriser l’investissement et de réduire la bureaucratie pour stimuler le secteur privé. En clair, avec une population composée à plus de 60% de personnes de moins de 30 ans, la région doit afficher des taux de croissance beaucoup plus élevés pour absorber une partie des demandeurs d‘emploi.

Dans ce cadre, la rencontre de Marrakech, marquée par la présence d’experts de plus de 20 pays, est axée sur la mise en place d’un programme fondé sur 4 priorités: la création d’un secteur privé dynamique à même d’accélérer la croissance et de créer des emplois, le développement des régimes fiscaux plus équitables, combattre la corruption et, enfin, soutenir la création d’emplois pour les classes sociales marginalisées par le système économique (femmes, jeunes, population rurale, etc.).

Par Moussa Diop
Le 30/01/2018 à 14h51, mis à jour le 30/01/2018 à 16h53