Sahara: un ex-ministre algérien propose la voie marocaine d'une "large autonomie"

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Le 17/06/2017 à 15h31, mis à jour le 17/06/2017 à 15h37

Ali Benouari, ex-ministre délégué au Trésor, dresse la situation d'un Maghreb très en retard sur ses partenaires en termes d'intégration à cause du "conflit bilatéral du Sahara" opposant les deux puissances régionales. Pour lui la solution passe par "une large autonomie" de la "province sahraouie".

Ce n'est pas tous les jours qu'on entend un ancien ministre algérien parler de "Province du Sahara", de "conflit bilatéral" opposant le Maroc et l'Algérie ou proposer clairement " l'octroi d'une large autonome au peuple sahraoui" afin de résoudre durablement la question. C'est pourtant ce que vient de faire Ali Benouari, ex-ministre délégué au Trésor dans un très long article dont le titre seul suffit à planter le décor: "Sahara accidentel ou Sahara occidental". Par cet intitulé, il laisse clairement entendre qu'il s'agit d'un faux problème, une sorte d'accident qui n'aurait jamais dû se produire. 

Il part du constat que chaque année les pays du Maghreb perdent entre un et deux points de pourcentage de croissance à cause de l'absence d'intégration. Ce grand commis de l'Etat Algérien préfère l'honnêteté intellectuelle et le pragmatisme aux querelles partisanes qui nuisent à la construction du grand Maghreb. Il propose une approche cohérente pour une solution durable du conflit au Sahara occidental. Mais très étrangement, cela correspond à la voie marocaine de résolution d'un problème qui s'éternise inutilement. Voilà quarantaine d'années que cela dure. 

D'abord, pour Ali Benouari, on doit arrêter de faire croire qu'il s'agit d'une "décolonisation". On doit chercher la solution maghrébine "d'un conflit qui a pris les apparences, dès le départ, d’un conflit bilatéral, qu’on a voulu régler au niveau international, au niveau de l’ONU, comme s’il s’agissait d’un simple problème de décolonisation", dit-il. C'était une fausse bonne idée qui ne fait que prolonger éternellement la question du Sahara marocain. 

Cette situation est due uniquement à la "prolongation d'un conflit" entre l'Algérie et le Maroc au sujet de ce qu'il appelle "la Province du Sahara" tout au long de son article publié sur le site CNPNews. Ce grand commis de l'Etat algérien est très loin des thèses tendant à faire croire que l'Algérie n'est pas impliquée dans le conflit qui bloque la concrétisation du projet de l'Union du Maghreb arabe (UMA). 

Avec beaucoup d'honnêteté intellectuelle, il reconnaît l'implication du voisin du Maroc dans cette question saharienne qui bloque inutilement le développement de toute la région. Or, dit-il, "il faut considérer que l’intérêt légitime des populations sahraouies ne saurait prévaloir sur l’intérêt des pays et des peuples de l’UMA. L’intérêt de toutes les parties doit être pris en compte". 

Par conséquent, il propose une solution aboutissant à la résolution définitive de la question du Sahara. Son idée s'articule autour de trois points qui épousent parfaitement la voie marocaine d'une province autonome sous la souveraineté du royaume chérifien. 

En premier lieu, dit-il, il faut "l’octroi d’une très large autonome au peuple sahraoui, avec un statut spécial qui en ferait un des fondateurs de la nouvelle UMA. A titre symbolique celle-ci pourrait s’intituler Union des peuples Nord-Africains (UPNA)". 

Le deuxième point de sa solution est que "cette UMA rénovée garantira l’autonomie effective des sahraouis et s’engagera à financer le retour des réfugiés sahraouis et le développement de la Province". 

En troisième et dernier lieu, "l’engagement simultané de tous les États membres de déléguer les pouvoirs les plus larges à un Parlement maghrébin bicaméraliste". L'originalité de sa proposition réside dans le fait qu'en plus des députés maghrébins de la première chambre, on retrouvera un seul représentant par pays dans la seconde chambre. Sauf que la province du Sahara marocain aura également son élu, ce qui fait que le Maroc aura deux représentants dont l'un issu du Sud du pays. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/06/2017 à 15h31, mis à jour le 17/06/2017 à 15h37