Vidéo. Côte d’Ivoire: les commerces des Marocains menacés de fermeture par les Libanais

VidéoA Abidjan, les commerces tenus par les Marocains sont sous la menace de fermetures. En cause, des hausses vertigineuses de loyers de plus de 100%, imposées par les propriétaires … des Libanais, soupçonnés de vouloir enrayer la concurrence marocaine.

Le 24/06/2017 à 14h59

En Côte d’Ivoire, les commerçants libanais ont de tout temps, tenus la plupart des commerces, allant des magazins de l’électroménager à l’habillement, en passant par le mobilier de maison et autres commerces. Mais la concurrence marocaine, jusque-là discrète, est de plus en plus visible, avec la grande offensive lancée par entreprises du royaume ces dernières années.

Une nouvelle donne qui n’est pas au goût des Libanais. Depuis quelques années en effet, les propriétaires de locaux commerciaux, pour la plupart des ressortissants libanais, procèdent à des hausses de loyer, bien au-delà du raisonnable. «Ces augmentations de loyers ne sont pas fortuites. Les Libanais savent que nous sommes des concurrents avec notre implantation dans différents secteurs d’activité en Côte d’Ivoire, ils veulent nous asphyxier», explique un ressortissant marocain qui préfère s'exprimer sous le sceau de l’anonymat.

Comme lui, plusieurs membres de la communauté marocaine affirment avoir saisi, plus d’une fois, les juridictions compétentes ivoiriennes pour dénoncer ces augmentations de loyers injustifiées. Malheureusement, la pratique demeure.

En désespoir de cause, ces commerçants se sont référés au président de l’Association des résidents marocains en Côte d’Ivoire (AMARECI), Omar Semlali. Lequel vient d’adresser une lettre ouverte au président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, dont nous avons reçu copie.

«Depuis près de deux ans, les Marocains, moi y compris, vivons un enfer avec nos propriétaires. Je ne peux pas vous citer le nombre de dossiers qui ont été jugés par les tribunaux ou en instance d’être jugés, à mon humble niveau, j’ai un nombre incalculable de dossiers sous la main, que mes compatriotes m’ont confié et sur lesquels j’ai adressé une lettre à Monsieur le ministre de la Justice en date du 04/01/2017. Les jugements prononcés relatifs à ces différents cas entre Libanais (propriétaires) et Marocains (locataires) ne répondent, à mon sens, à aucun critère», écrit le président de l’AMARECI qui partage à l'occasion sa propre histoire.

«Depuis plus de 11 ans, j’occupe un local commercial dans la commune du Plateau, je le louais à 300.000 FCFA (457 euros, ndlr) par mois, mais cela fut majoré de 50.000 FCFA (76 euros, ndlr). Ce qui est acceptable. Dernièrement, et d'où mon inquiétude, le propriétaire m’a imposé la somme de 781.000 FCFA par mois (1.190 euros, ndlr) pour ce même local. Une majoration de plus de 100%», déplore-t-il.

La situation devient intenable pour les commerçants marocains dont certains se sont résignés à fermer boutique, la mort dans l’âme, harcelés par des huissiers mandatés par les propriétaires qui n'ont qu'un objectif, casser la concurrence marocaine.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 24/06/2017 à 14h59