Mauritanie: une nouvelle hausse des taxes frappe les camionneurs marocains

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Le 14/03/2017 à 18h57, mis à jour le 15/03/2017 à 10h11

Les autorités mauritaniennes viennent d’augmenter de 23,55% la taxe d'entrée pour les camions chargés de fruits et légumes. Cette hausse, la seconde en l’espace de 3 mois, touche particulièrement les transporteurs marocains qui alimentent les marchés mauritaniens et ouest-africains.

Les taxes sur les camions gros porteurs transportant fruits et légumes en provenance des pays voisins à destination du marché mauritanien ou en transit ont encore augmenté. Il s’agit de la seconde forte hausse en l’espace de 3 mois.

Avec cette dernière hausse de 23,55%, le montant de la taxe sur les camions de 25 tonnes est passé de 637.000 ouguiyas (environ 1.635 euros) à 787.000 ouguiyas (2.020 euros), soit une majoration en valeur absolue de 150.000 ouguiyas (385 euros). Quant aux camions de 18 tonnes, ils s’acquittent désormais d’un montant de 520 000 ouguiyas (1.333 euros).

«Cette nouvelle hausse avait été précédée d’une autre en janvier dernier et qui avait fait passer la taxe de 440.000 à 637.000 ouguiyas», rappelle un camionneur rencontré mardi sur le principal marché aux légumes de Nouakchott.

Les marchés mauritaniens, particulièrement ceux de Nouakchott, à l’image de celui de la «Socim» de la capitale, et Nouadhibou (capitale économique) sont alimentés par des fruits et légumes (oranges, tomates, carottes, mandarines, poivrons, pommes de terre, oignons, pastèques, etc.) importés du Maroc dans leur majorité et dans une moindre mesure du Sénégal, via les voies terrestres.

La population de Nouakchott, déjà durement frappée ces derniers jours par la hausse des prix du poisson, nourrit la crainte d’une forte hausse des prix au détail des fruits et légumes. Ce sentiment est confirmé par le témoignage d'un camionneur marocain. «Nous sommes obligés de répercuter les nouvelles charges sur le prix aux consommateurs car tous les produits sont touchés par la taxation appliquée depuis la semaine dernière. Autrement, nous vendrions nos produits à perte. Ce qui naturellement conduirait à la faillite et à la cessation de nos activités», a-t-il expliqué à le360 Afrique.

Interrogée sur une éventuelle hausse du prix des fruits et légumes sur le marché de Nouakchott, D.L., employée dans le privé et mère de famille, raconte «je suis allée faire le marché mercredi dernier. J’ai constaté une légère hausse sur le prix de certaines denrées. Le coût du kilo de carotte est passé de 200 à 250 ouguiyas. Mais je considère qu’une telle hausse n’est pas très méchante, car dans le passé on enregistré pire que cela». Et pourtant, mine de rien, la hausse admise par cette mère de famille représente une évolution de 25% en valeur relative du prix de la carotte sur le marché. Et comme cette hausse devrait toucher tous les fruits et légumes, les pères de famille risquent de trinquer.

Cette tendance à la montée vertigineuse des prix est imputable à la loi de finances 2017. Illustration avec une contribution actuellement en ligne sur le site de l’hebdomadaire Le Calame dans laquelle l’auteur reproche au gouvernement de «jouer sur divers paramètres, comme l’augmentation des impôts et la réduction des dépenses publiques», afin de maintenir le déséquilibre budgétaire à un niveau jugé acceptable, rappelant que «trop d’impôt tue l’impôt et que trop d’austérité est le signe avant-coureur d’une crise inéluctable».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 14/03/2017 à 18h57, mis à jour le 15/03/2017 à 10h11