Guinée: Mohamed Adaoui, ce marocain d'Agadir qui joue sa dernière carte à Conakry

Le 28/09/2017 à 17h21

En Guinée, les membres de la diaspora marocaine ne vivent pas l'immigration de la même façon. Il y en a qui rient, et il y a d'autres qui pleurent. Parmi les derniers, Mohamed Adaoui, la cinquantaine révolue qui joue sa dernière carte avec un restaurant placé au centre administratif et de Conakry.

Depuis 30 ans, Mohamed Adaoui vit en Guinée. Il s'est marié avec une Guinéenne avec qui il a eu des enfants. Mais le Marocain originaire d'Agadir ne croît plus au pays qui l'héberge depuis trois décennies. En recevant le correspondant de Le360Afrique à Conakry dans son restaurant, le Marocain est d'abord hésitant pour partager avec lui sa mésaventure. Il finira néanmoins par exprimer son désespoir.

"Cela ne sert à rien d'en parler avec vous, parce qu'il n'y a rien dans ce pays. On entreprend avec l'espoir d'un retour sur investissement, mais on attend toujours depuis des années, et le résultat tarde à venir ", tranche Adaoui.

Pourtant, à Kaloum — centre administratif et des affaires de Conakry—, l'Agadir, le restaurant marocain de Mohamed Adaoui fait partie des plus attrayants à première vue. Mais une fois à l'intérieur, on peut tout de suite trouver des raisons de son désenchantement.

Ce lundi 9 septembre, alors qu'il est 10 heures (heure locale), il n'y a quasiment personne autour des tables du restaurant. Même les travailleurs du restaurant ne sont pas tous là. Alors, Adaoui est affairé ce matin. Entre nous parler et faire quelques petites courses dehors, il a fini par abandonner l'interview qu'on venait de commencer. "A la prochaine", nous a-t-il lancé, avant de nous autoriser à filmer l'intérieur du restaurant.

A l'écouter, ce ne sont plus les affaires qui retiennent l'homme d'Agadir en Guinée, mais sa famille. "Là, c'est difficile, on ne peut plus retourner au pays... J'ai ma femme et mes enfants dont il faut assurer la scolarité", exprime-t-il.

En ce qui concerne les affaires, Mohamed Adaoui croit qu'il est en train de jouer sa dernière carte avec ce restaurant qu'il a ouvert il y a quelques années. "Avant d'ouvrir ce restaurant, j'ai évolué dans d'autres affaires. Mais je crois que je suis en train de jouer ma dernière carte ", nous a-t-il confié.

Pourtant, il y a quelques raisons pour maintenir l'espoir de Mohamed Adaoui. Les quelques clients rencontrés dans son restaurant apprécient le menu. " Moi je viens souvent manger ici. J'aime beaucoup le couscous marocain ", apprécie Mohamed Keita.

En fait, dans sa petite clientèle, Adaoui a des Guinéens, des Marocains, mais aussi d'autres nationalités qui fréquente l'Agadir. Mais il veut voir les choses dépasser cette étape.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 28/09/2017 à 17h21