Mauritanie. Réactions: le principe de l'intégration du Maroc à la CEDEAO unanimement salué

Le 05/06/2017 à 10h35, mis à jour le 05/06/2017 à 11h08

La validation par les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) du principe de l'adhésion du Maroc à cet ensemble sous-régional, a été unanimement saluée à Nouakchott. Réactions de quelques hommes politiques et de la société civile.

L’un des temps forts de la 51e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l’ouest (CEDEAO), tenue dimanche 4 juin à Monrovia (Liberia), a été la validation du principe de l’adhésion du Maroc à ce groupement sous-régional.

Ces assises ont également examiné et accepté les demandes de la Tunisie, relative à un statut d’observateur, et celle de la Mauritanie, sollicitant un accord d’association.

Par ailleurs, la conférence des chefs et de gouvernement a décidé d’inviter le roi Mohammed VI à la prochaine session ordinaire de l’organisation.

L’adhésion du royaume du Maroc au sein de la CEDEAO est unanimement saluée par la classe politique et les analystes à Nouakchott, qui parlent de «l’aboutissement normal et logique d’un processus» entamé depuis plusieurs années.

Ahmed Ould Hamza, hommes d’affaires, président de la Fédération des industries et services (FIS) au sein du Conseil national du patronat de Mauritanie (CNPM), ex-président de la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN), et membre influent du RFD, principal parti de l'opposition mauritanienne, salue cet événement comme "un couronnement logique, car le royaume du Maroc est déjà fortement présent dans l’espace CEDEAO au plan économique".

Il ajoute que "le fait que Sa Majesté le roi Mohammed VI n’a pas participé aux assises de Monrovia en présence du Premier ministre israélien, Benyamine Netanyahu, n’a rien changé dans la détermination et le niveau d’importance que Rabat accorde à cette adhésion. Mais dans les circonstances de Monrovia, cette décision a permis de ménager les sentiments de tous les Marocains, arabes et africains, attachés à l’idée de respect des droits inaliénables du peuple palestinien".

Parlant du cas mauritanien, il explique aussi que l'octroi à la Tunisie du statut d’observateur, "est la preuve que la qualité de membre de l’Union du Maghreb arabe (UMA) ne doit en aucun cas empêcher notre pays de prendre la place naturelle qui lui revient au sein de la CEDEAO". Raison pour laquelle "les dirigeants mauritaniens devraient faire preuve de vision, et aller au-delà de la signature d’un simple accord d’association, pour que notre pays réintègre un ensemble dont il est l'un des Etats fondateurs".

Même son de cloche pour Yahya Ould Ahmed Waghef, ex-premier ministre, qui estime que cette nouvelle «est une bonne chose pour la sous-région. L’arrivée du pôle Maroc va renforcer la dimension du marché de la CEDEAO". Pour le cas de la Mauritanie, ajoute t-il, "l’accord d’association serait un progrès par rapport à la situation antérieure. Mais l’idéal est un retour complet au sein de l’organisation sous régionale". Toutefois, concède t-il, "il s’agit d’une éventualité peu probable avec l’orientation actuelle de ceux qui président aux destinées de notre pays".

Le Maghreb bascule dans la CEDEAO

Commentant cette nouvelle, le Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), note "que le Maghreb bascule dans la CEDEAO, avec l’acceptation du principe de l’intégration du Maroc, le statut de membre associé de la Mauritanie et celui d’observateur de la Tunisie".

Au plan institutionnel et économique, cette évolution crée un ensemble nord-ouest africain, qui en réalité, a existé dans l’Histoire, du fait des relations séculaires multiples qui unissent les communautés formant les populations de tous ces pays".

Pour sa part, Moussa Ould Hamed, ex-DG de l’Agence mauritanienne d’information (AMI), accueille avec une grande satisfaction une nouvelle «qui représente un pas de géant sur la nécessaire intégration politique, et surtout économique de notre sous région, qui est une étape essentielle vers l’unité du continent africain dans son ensemble».

Il se réjouit également de la requête de la Tunisie pour un statut d’observateur et encourage la Mauritanie à aller au-delà du simple statut d’associé. Il ajoute que "le fait que le Maroc et la Tunisie regardent du côté de la CEDEAO, et que la Maritanie, qui est pourtant pleinement dans cette communauté se limite à un accord d'association renvoie à une triste réalité que l'avenir de notre pays n'a aucun intérêt pour ceux qui nous dirigent".

Enfin, rappelons que la CEDEAO est un groupement régional de 15 pays, avec une population de 320 millions de consommateurs et un Produit intérieur brut (PIB) de 733 millions de dollars.

L'adhésion du Maroc à la CEDEA0 devrait donner une nouvelle dimension à cette organisation sous-régionale très dynamique.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 05/06/2017 à 10h35, mis à jour le 05/06/2017 à 11h08