Maroc-Afrique. Discours de Dakar: le politologue Babacar Justin Ndiaye réagit

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Le 07/11/2016 à 08h40, mis à jour le 07/11/2016 à 08h50

Babacar Justin Ndiaye, politologue averti et connu pour la virulence de sa plume, réagit concernant le discours de Dakar. D’abord sur la symbolique du choix de la capitale sénégalaise, mais également sur "l’impossibilité de se mettre à travers le chemin" que s’est tracé la diplomatie marocaine.

Ce 6 novembre 2016 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire africaine. C’est sans doute la première fois qu’un chef d’Etat africain prononce un discours aussi important pour son peuple à partir d’un pays du continent autre que le sien. C’est tout un symbole qui n’a pas échappé aux observateurs sénégalais. Le premier à le relever est l’un des politologues les plus avertis du pays de Senghor, en l’occurrence Babacar Justin Ndiaye qui a été joint au téléphone par Le360 Afrique tard dans la soirée du dimanche. Pour lui, l'intensité des relations entre le Sénégal et le Maroc n'est plus à démontrer. 

"Le Sénégal un peuple frère"

"Lors des malheureux évènements entre le Sénégal et la Mauritanie en 1989 qui ont failli mener au conflit, le roi Hassan II, connu pour son verbe tranchant et sa parfaite maîtrise de la langue de Molière avait dit: le Sénégal est un peuple frère, alors que la Mauritanie est un pays ami", rappelle Justin Ndiaye. C’est là l’un des nombreux faits qui montrent ô combien le roi Mohammed VI a raison quand il affirme que son peuple ne sera pas surpris de le voir s’adresser à lui à partir "de la République du Sénégal sœur".

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Au-delà du symbole de ce discours de Dakar, l’un des points soulevés par le souverain marocain sur lequel se penche Justin Ndiaye est la question des "manœuvres visant à impliquer cette Organisation (Union africaine, ndlr) dans des décisions contraires aux bases adoptées par les Nations unies pour le règlement de ce conflit régional artificiel". Car faut-il le rappeler, Mohammed VI ne parle pas au hasard.

Ces "manoeuvres" sont un aveu d'impuissance

Depuis la manifestation de la volonté du Maroc de retour au sein de l'organisation panafriciane, au moins deux faits montrent une farouche opposition de l’Algérie et de l’Afrique du Sud. Le premier est le refus de lire la lettre signée par 28 chefs d’Etat africains demandant la suspension de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) des instances de l’Union africaine. Le second fait concerne le courrier adressé par le Maroc à Nkosazana, Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l’Union africaine le 22 septembre 2016 et qu’il a fallu rappeler à l’ordre pour qu’elle daigne en transmettre copie à l’ensemble des membres, plus d’un mois plus tard. Deux faits assez graves qui sont loin de relever du hasard.

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Mais pour Justin Ndiaye, sur le plan juridique, "il est impossible de s’opposer à un retour du Maroc au sein de l’Union africaine", malgré ces faits regrettables, même s'il faut se plier à la procédure obligatoire pour être admis comme membre. Le souverain chérifien a su mener des "actions diplomatiques payantes" en ayant l’adhésion de la majorité des membres à son projet de retour. Ces réactions étonnantes sont plus un aveu d’impuissance, puisque "plus rien ne peut s’opposer au retour du Maroc au sein de l’Union Africaine", affirme-t-il.

Diplomatie payante

Enfin concernant la politique marocaine en Afrique, "on ne peut que parler de réussite comme en témoigne la présence économique du Royaume au sein de plusieurs pays africains". Il s’agit de liens qu’il est impossible à défaire. De plus, "les différentes étapes de la tournée de Mohammed VI, montre bien que le Royaume s’est fait sa place", explique-t-il. "Je ne parle pas de Dakar qui est plus qu’une étape, mais surtout de Kigali, quand on connaît l’influence de Paul Kagamé dans la Région des Grands lacs et en Afrique de l’Est". Aujourd’hui, "la proximité prouvée entre le chef d’Etat rwandais et Mohammed VI" montre qu’il est difficile de se mettre au travers du chemin que la diplomatie marocaine s’est tracée.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 07/11/2016 à 08h40, mis à jour le 07/11/2016 à 08h50