Les transferts d’argent de la diaspora africaine à destinations du continent se sont établis, en 2019, selon les premières estimations, à 85,2 milliards de dollars, selon le rapport de la Banque mondiale. Ils représentent environ 12,20% des transferts mondiaux effectués par les migrants.
De ce montant, celui des transferts de la diaspora des quatre pays d’Afrique du Nord -Egypte, Maroc, Tunisie et Algérie- s’est établi en 2019 à 37,20 milliards de dollars, soit 43,15% de l’ensemble des transferts enregistrés au niveau du continent africain, contre 48 milliards de dollars pour l’Afrique subsaharienne (-0,5%) .
L’Egypte reste le premier pays récepteur de transferts d’argent provenant de ses migrants au niveau du continent africain avec 26,8 milliards de dollars transférés par sa forte diaspora implantée notamment dans les pays du Golfe arabique, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis…
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L’Egypte est suivie à quelques longueurs par le géant du continent, le Nigeria, avec ses 200 millions d’habitants et une forte diaspora éparpillée dans de nombreux pays, notamment anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis, etc.) avec 23,8 milliards de dollars transférés par ses migrants.
Loin de ces deux géants du continent suit le Maroc avec des transferts de sa diaspora vivant surtout dans les pays européens (France, Italie, Espagne, Belgique, Pays Bas…), mais aussi dans les pays du Golfe arabique, qui ont atteint 6,7 milliards de dollars en 2019, soit l’équivalent de 5,7% du PIB du royaume
Ainsi, ces trois pays totalisent à eux seuls 66,50% des transferts des migrants à destination du continent africain. C’est dire que le gros volume des transferts d’argent des migrants est fortement concentré entre une poignée de pays.
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Loin derrière ce trio, suivent le Ghana (3,5 milliards de dollars), le Kenya (2,8 milliards de dollars), le Sénégal (2,5 milliards de dollars), la Tunisie (1,9 milliard de dollars), la RD du Congo (1,8 milliard de dollars), l’Algérie (1,8 milliard de dollars) et le Zimbabwe (1,7 milliard de dollars).
Rang | Pays | Montant en milliards ($) | Montant transféré/PIB (%) |
1er | Egypte | 26,8 | 8,90% |
2e | Nigeria | 23,8 | 5,35% |
3e | Maroc | 6,7 | 5,60% |
4e | Ghana | 3,5 | 6,11% |
5e | Kenya | 2,8 | 2,85% |
6e | Sénégal | 2,5 | 10,50% |
7e | Tunisie | 1,9 | 4,90% |
8e | Algérie | 1,8 | 1,00% |
9e | RD Congo | 1,8 | 3,90% |
10e | Zimbabwe | 1,7 | 13,50% |
Il faut souligner que ces transferts des migrants ont des impacts économiques et sociaux indéniables dans les pays récepteurs. Par exemple, au Soudan du Sud, les transferts de la diaspora ont atteint 1,3 milliard de dollars représentant l’équivalent de 34,4% du PIB du pays. Au Sénégal, les transferts de la diaspora dépassent 10,5% du PIB.
Les transferts en devises contribuent à améliorer les réserves de change des pays récepteurs et contribuent à l’amélioration de la balance des opérations courantes de nombreux pays africains. De même, ces transferts ont un impact social important au niveau du continent en aidant les populations à subvenir à leurs besoins essentiels (alimentation, santé, éducation, etc.). De nombreux projets (jardins maraichers), sont réalisés dans de nombreux villages africains grâce aux transferts des migrants.
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Toutefois, il convient de souligner que le coût du transfert de l’argent par les migrants à destination du continent africain demeure exorbitant, comparativement au reste du monde. Ainsi, le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars vers la région Afrique subsaharienne ressort en moyenne à 8,9% au premier trimestre 2020, contre 9,25% un an auparavant. Au niveau de la région Moyen Orient & Afrique du Nord, ce tarif moyen ressort à 7% du montant pour les mêmes périodes.
A l’échelle mondiale, le coût moyen d’un transfert de 200 dollars se situe à 6,8% au premier trimestre 2020, un niveau identique à la même période de l’année dernière.
Face à cette situation, de nombreux migrants préfèrent passer par les marchés parallèles de transfert d’argent qui ont l’avantage d’être beaucoup moins coûteux en termes de frais de transferts. Il s’agit de circuits dont les transactions ne sont pas comptabilisées par la Banque mondiale.
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Rappelons qu’au niveau mondial, les transferts des migrants ont dépassé en 2019 la barre des 700 milliards de dollars pour s’établir à 707 milliards de dollars, en hausse de 3,5% par rapport à l’année précédente.
Toutefois, pour 2020, alors que les experts de la Banque mondiale tablaient sur des transferts des migrants en hausse de 4,6% par rapport à 2019, pour atteindre 739 milliards de dollars, la pandémie du coronavirus et ses conséquences économiques dans les pays d’accueil des migrants vont impacter négativement les transferts des migrants qui devront enregistrer des baisses conséquentes en 2020.