Pour les banques marocaines implantées en Afrique, le rôle de relai de croissance que jouent leurs filiales africaines n’est pas un vain mot. Avec 50 filiales bancaires dans 25 pays, celles-ci sont aujourd’hui de véritables moteurs de croissance des banques marocaines qui font face à un marché local mature, où la concurrence est rude et la croissance faible.
Ainsi, alors que le produit net bancaire des trois grandes banques tend à stagner au Maroc, il affiche des performances solides au niveau de leurs filiales africaines prises globalement. Du coup, l’apport des filiales aux résultats des 3 groupes ne cesse de croître au cours de ces dernières années.
Ainsi, prises globalement, le Produit net bancaire (Pnb) consolidé des trois groupes –Attijariwafa bank, Banque centrale populaire (BCP) et BMCE Bank of Africa- s’est établi à 25.407 MDH. De ce montant, la valeur des filiales africaines s’est établie à 7.066 MDH, soit environ 28% du Pnb consolidé des trois groupes. Ce niveau est en nette amélioration comparativement à la même période de l’année dernière, grâce notamment aux effets de changement de périmètres de consolidation (intégration de nouvelles filiales), de la hausse de l’activité des filiales grâce notamment à l’effet d’une conjoncture globalement plus favorable au niveau de la région Afrique de l’ouest, où les banques sont fortement représentées et occupent le premier rang, notamment au niveau de la zone l’UEMOA où la croissance du PIB dépasse les 6%.
Autant de facteurs favorables auxquels il faut ajouter la touche managériale des banquiers marocains qui ont restructuré leurs filiales africaines pour en faire de véritable relais de croissance. Cette situation fait que les bénéfices réalisés par les filiales africaines pèsent davantage dans les performances des groupes bancaires marocains. Ainsi, pour Attijariwafa bank et BMCE Bank of Africa qui ont réalisé un Résultat net part du groupe (Rnpg) cumulé de 3.918 MDH, la part des filiales africaines s’est établie à 1.136 MDH, soit une part de 29%.
Reste que les performances des filiales africaines et leurs poids en termes de contributions aux résultats des banques marocaines différent d’un groupe à l’autre.
Attijariwafa bank: filiales africaines, une contribution de 31% au Rnpg
Présente dans 16 pays du continent, le groupe Attijariwafa bank a réalisé au titre du premier semestre 2017 un produit net bancaire (Pnb) de 10,5 milliards de dirhams en hausse de 4,1%. Cette progression est surtout le fait des filiales africaines. Et effet, au niveau social, Attijariwafa bank a vu son Pnb reculer de -2,1% à 6.121 MDH, les filiales africaines poursuivent leur trend haussier. En plus, la Banque de développement à l’international (BDI) qui englobe les filiales africaines a bénéficié, en plus des performances de celles-ci, de l’effet périmètre suite à l’acquisition de 100% de Barclays bank Egypt (consolidée seulement pour 2 mois). Avec 3.181,50 MDH, le Pnb des filiales africaines a représenté 30,3% du Pnb du groupe. Cette part monte à 34% avec une consolidation de 6 mois des réalisations de la nouvelle filiale égyptienne.
Au niveau bénéficie, l’impact est aussi important. En effet, sur un Résultat net part du groupe (Rnpg) semestriel de 2.630 MDH, les filiales africaines ont généré un résultat de 702,20 MDH, soit 26,7% du Rnpg du groupe, contre une part de 24% à la même période de l’année dernière, grâce notamment à l’apport de la filiale égyptienne (111 MDH pour 2 mois d‘intégration). En tenant compte d’une consolidation de 6 mois d’Attijariwafa bank Egypt, cette part atteindrait même 31%.
A ce titre, il faut souligner que parmi les principales filiales africaines qui ont contribué à ce résultat figurent le groupe CBAO du Sénégal (125 MDH), Attijari bank Tunisie (123 MDH), SIB de la Côte d’Ivoire (114 MDH), Attijariwafa bank Egypt (111 MDH), SCB du Cameroun (58 MDH) et UGB du Gabon (56 MDH). Ces 6 filiales contribuent à hauteur de 587 MDH au Rnpg du groupe Attijariwafa bank et représentent 83,61% de l’apport des filiales africaines.
Le Groupe Attijariwafa bank est le premier bénéficiaire de résultat en terme de volume généré par ses filiales grâce au pourcentage élevé de détention de ses filiales africaines, le groupe privilégiant la contrôle majoritaire du capital lors de ces implantations en Afrique. En outre, le groupe bénéficie de la taille de ses filiales (Groupe CBAO, SIB, Attujari bank Tunisie et Attijariwafa bank Egypt) .
Du côté des perspectives, la part des filiales africaines devrait connaître une hausse significative au second semestre 2016, grâce notamment à Attijariwafa bank Egypt qui sera désormais la première contributrice au résultat du groupe après Attijariwafa bank S.A (Maroc).
Banque centrale Populaire: une contribution de 13,5% au Pnb
Présent dans 13 pays, avec le réseau d’Atlantique banque opérant dans 10 pays, auquel il faut ajouter l’existence historique de la banque mutualiste en Guinée et Centrafrique, le groupe a réalisé au terme des 6 premiers mois de l’année en cours un Pnb de 8.216 MDH (+1%). Sa filiale Banques atlantique a dégagé de ce résultat un Pnb de 1.111 MDH, soir 13,5% du PNB du groupe mutualiste. Cet apport ne tient compte que de l’apport du réseau Banque Atlantique et ne tient pas compte des apports des autres filiales du groupe mutualiste en Guinée et en Centrafrique.
Grâce à la forte progression de son activité avec des dépôts en hausse de 13% et des crédits en progression de 22% en année glissante, le PNB du réseau Banques Atlantique a progressé de 10%. Cette progression est le fruit d’un plan de développement stratégique ambitieux concocté par la maison mère au profit de ses filiales africaines.
Grâce aux restructurations entreprises au niveau des filiales du réseau Banque atlantique qui ont permis d’assainir les comptes de celles-ci et relancer leurs activités, le groupe Banque populaire devrait tirer davantage de profit de ses filiales dans les années à venir. Parallèlement, le groupe poursuit son maillage continental. Après l’acquisition de 69,5% du capital de BIA-Niger, le groupe compte élargir son réseau en Afrique subsaharienne et table notamment sur des implantations au Gabon, au Rwanda et dans d’autres pays d’Afrique de l’Est ciblés et moins couverts par les autres banques marocaines.
Afin de mieux développer son réseau Afrique, le groupe a créé une Direction générale dédiée pour porter la Banque à l’international.
BMCE Bank of Africa (BBoA): les filiales africaines génèrent 42% du Pnb
Implantée dans 17 pays africains hors Maroc avec 19 filiales, BMCE Bank of Africa (BBoA) est incontestablement la banque marocaine la plus présente au niveau du continent africain. Elle est aussi celle dont l’apport des filiales africaines, en pourcentage de son résultat, est le plus important.
Ainsi, au titre du premier semestre 2017, sur un PNB du groupe de 6.691 MDH (-0,2%), les filiales africaines du groupe ont généré un Pnb de 2.805 MDH, soit 42% du Pnb consolidé du groupe BBoA.
Le Pnb des filiales africaines est généré essentiellement par le véhicule moteur du groupe en Afrique Bank of Africa Group avec un Pnb de 2.590 MDH. Le reste étant le fait des filiales Banque de développement du Mali (BDM) et La Congolaise de banque (CB) du Congo détenues à respectivement 32,4% et 37%.
Au niveau bénéfices, sur un Résultat net part du groupe (Rnpg) de 1.288 MDH, les filiales africaines ont été d’un apport de 434 MDH, soit 33,70% du Rnpg du groupe.
Ainsi, les filiales africaines constituent un véritable relais pour le groupe dont le périmètre de consolidation sur le continent est resté globalement stable au premier semestre 2017, comparativement à la même période de l’année dernière, hormis une baisse de 2,15% du pourcentage de capital détenu dans Bank of Africa à 72,5% à la faveur d’une augmentation de capital réservée à un actionnaire minoritaire du groupe. BoA compte 3,4 millions de clients pour un réseau de plus de 550 agences.
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Pour ce qui est des perspectives, les apports des filiales africaines aux performances des banques marocaines sont favorables. Les nouvelles acquisitions, les implantations en cours de négociation, les développement organiques des filiales restructurées, la hausse des activités commerciales comme l’atteste la hausse des crédits octroyés par les différentes filiales et l’amélioration de la bancarisation sont autant de facteurs devant contribuer à augmenter davantage l’apport des filiales bancaires africaines dans les résultats des groupes bancaires marocains dans les années à venir.