Dans Africa's Pulse, son rapport publié mercredi 3 octobre 2018, la Banque Mondiale analyse l'endettement des pays au Sud du Sahara et tire la sonnette d'alarme, en estimant d'emblée que "la vulnérabilité de l'endettement reste élevée". Mais c'est avant tout le niveau excessif de la dette de certains pays qui interpelle.
"Dans plusieurs pays de la région, la viabilité de la dette s’est détériorée. À la fin de 2017, huit pays ont été classés comme surendettés dans le cadre de viabilité de la dette de la Banque mondiale-Fonds monétaire international", écrivent les auteurs du rapport qui analyse annuellement la situation économique des pays du continent. C'est dire que la situation est extrêment grave pour ces pays, puisqu'ils ne sont plus en mesure de respecter leurs échéances de crédit sans être amenés à faire de lourds arbitrage entre la dette et leurs dépenses de fonctionnement. Les pays concernés sont le Tchad, l'Érythrée, le Mozambique, la République du Congo, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan et le Zimbabwe.
L'actuel surendettement du Congo et du Mozambique est une conséquence d'engagements cachés, qui ont été révélés au cours de l'année 2017. Pour sa part, le Tchad est très fortement touché par la crise pétrolière, et connait une croissance négative. A cela s'ajoute des décisions financières hasardeuses qui s'apparentent à des anti-douleurs et qui ont même tendance à aggraver la situation.
Lire aussi : Afrique: top 10 des pays les plus endettés et cercle vicieux de la dette
"Dans certains pays, notamment le Tchad et la République du Congo, d’importants prêts ont été contractés par des entreprises d’État, soutenues par les exportations de produits de base. Cela a augmenté leur vulnérabilité à des chocs des prix des matières premières", prévient à juste titre le rapport Africa's Pulse
De même, le surendettement guette plusieurs autres pays dont le risque d'être dans la zone rouge est passé de modéré à élevé. La Gambie, l'Ethiopie et la Zambie peuvent basculer à tout moment. L'Ethiopie, malgré ses 10 années de croissance à deux chiffres a vu le stock de sa dette s'accroître très fortement à cause de ses grands travaux, notamment du barrage de la Renaissance et de l'installation de l'important réseau ferroviaire qui relie Addis Abeba à Djibouti.
Pour des pays comme l'Angola, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Kenya ou le Ghana, le rapport de la Banque Mondiale note que le niveau d'endettement augmente vite, voire de manière trop rapide. "Au premier semestre de 2018, six économies frontières de la région ont collecté 14,3 milliards de dollars, un montant déjà supérieur aux 7,8 milliards de dollars émis par les marchés frontières d’Afrique subsaharienne en 2017", écrivent ainsi les auteurs de ce rapport.