Maurice Kamto avait assuré qu'il avait marqué le pénalty, utilisant cette métaphore pour dire qu'il était le vainqueur des élections. Mais, désormais, il semble avoir changé d'avis.
En effet, trois candidats de l’opposition demandent l’annulation de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun. En plus de Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), il s'agit de Joshua Osih du Social democratic front (SDF, parti leader de l’opposition) et de Cabral Libii du parti Univers.
Maurice Kamto, qui a revendiqué sa victoire au lendemain du scrutin de dimanche dernier, demande «l’annulation partielle des opérations électorales» dans 7 des 10 régions du pays: le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, l’Adamaoua, le Nord, l’Extrême-Nord, l’Est et le Sud. Pour appuyer sa demande, il évoque l’insécurité dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées par une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016 qui s’est muée en guérilla depuis la fin de l’année dernière.
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Pour les autres régions, l’ancien ministre délégué de la Justice affirme que sa campagne a été émaillée de nombreuses irrégularités. Il indexe notamment Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de l’organisation des élections dans le pays, à qui il reproche le «non-respect du retrait du candidat Akere Muna». L’ancien bâtonnier s’était désisté au profit de Maurice Kamto, deux jours avant le vote.
Dans un communiqué, ELECAM a indiqué qu’aucune procédure de retrait ni de désistement de candidat n'est prévue dans la loi électorale après la procédure d'acceptation de candidature par le conseil électoral et validée par le Conseil constitutionnel. ELECAM soulignait par ailleurs l’impossibilité de procéder au retrait des bulletins de vote d'un candidat déjà imprimés et acheminés dans les bureaux de vote à moins de 24h de l'ouverture du scrutin.
Contentieux post-électoral
De leur côté, Joshua Osih et Cabral Libii ont déposé des recours devant le Conseil constitutionnel pour demander «l’annulation totale de l’élection présidentielle du 7 octobre». Le premier affirme que l’élection a été émaillée d’une «kyrielle d’irrégularités» qui «mettent à mal l’unité nationale et compromettent durablement la sincérité du résultat de ladite élection». Joshua Osih s’appuie sur le Code électoral pour justifier sa démarche, notamment l’article 132. Celui-ci dispose en son alinéa 2 que le Conseil constitutionnel «statue sur toute requête en annulation totale ou partielle des opérations électorales introduite par tout candidat, tout parti politique ayant pris part à l’élection, ou par toute personne ayant qualité d’agent du gouvernement pour cette élection».
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Cabral Libii, plus jeune candidat à la présidentielle, affirme quant à lui que l’élection a été entachée par de «nombreuses fraudes et irrégularités» sur le plan national et dans la diaspora. Le scrutin, dit-il, n’a été «ni libre, ni crédible, ni démocratique, ni transparente», alors que les observateurs électoraux de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et de l'Institut panafricain d'assistance électorale (IPAE) assurent que le vote s’est déroulé dans la transparence.
Pour plusieurs observateurs avertis de la scène politique camerounaise, ces recours ont cependant peu de chance de connaitre une issue favorable, puisqu’aucune plainte déposée par des partis d’opposition lors des précédentes élections présidentielles n’a abouti. Au total, 18 recours ont été introduits auprès du Conseil constitutionnel. Celui-ci dispose de 15 jours maximum pour vider le contentieux post-électoral et proclamer les résultats au plus tard le 22 octobre prochain.