Ahmedou ould Abdallah, président de l’institution de prospective géopolitique appelé «Centre 4S» est un haut fonctionnaire à la retraite de l’Organisation des Nations unies (ONU). Il fut également ministre des Affaires étrangères de Mauritanie pendant les années 1980. Il aborde le problème de la corruption dans le Sahel et en Afrique, à travers une tribune postée samedi 19 mai sur le site «RMIBILADI».
Ce haut cadre, à l’expérience diplomatique avérée, qui a activement participé à la résolution de nombreuses crises politiques et sécuritaires sur le continent, est aussi un des fondateurs de l’ONG «Transparency international» dédiée à la corruption à travers le monde.
Pour aborder cette question lancinante, qui mobilise de plus en plus les intellectuels, de larges segments de la société civile et une importante frange de l’opinion, l’ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies dans plusieurs régions du continent,souligne d’emblée «le mérite du nouveau président de l’Union africaine (UA), Moussa Faka Mahamat, d’avoir inscrit la corruption à l’ordre du jour du dernier sommet de l’organisation panafricaine».
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Tout en appelant «à dépassionner le débat» par rapport «à un fléau qui existe partout à travers le monde», le président du «Centre 4S» insiste néanmoins sur le fait que «la lutte contre la corruption est un impératif économique, une nécessité politique et une précaution sécuritaire».
Ainsi, dans le cas de la vaste bande sahélienne, caractérisée par de nombreux handicaps naturels et une extrême pauvreté, une telle action s’inscrit forcément dans une perspective «de développement économique, de prévention des conflits civils et de la migration irrégulière -deux (2) phénomènes liés à l’exclusion et à la pauvreté- elle-même souvent exacerbée par l’impunité dont bénéficie les individus présumés auteurs de faits de corruption et de prévarication».
Sans avancer de chiffres pour le Sahel, Ahmedou Ould Abdallah note que «la corruption en Afrique, contrairement à celle de l’Asie, est flagrante, indiscrète et stérilisante, dans la mesure son produit s’évapore immédiatement au-delà des frontières, et de surcroît, en produits de luxe ostentatoire. Le Global finances integrity (GFI) et la Banque africaine de développement (BAD) estiment que 1.300 milliards de dollars ont été transférés hors du continent africain entre 1980 et 2009».
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Le document aborde par la suite la petite corruption et la grande corruption, celle qui jette le discrédit sur les élites publiques et privées. Parler de la corruption dans le contexte du Sahel renvoie forcément à la dimension de la lancinante question liée à la sécurité. D’où de multiples interrogations émanant de nombreux observateurs au sujet de l’incapacité de nos pays à assurer leur propre sécurité, et qui se retrouvent dans l’obligation de «sous-traiter» un domaine essentiel de souveraineté aux partenaires occidentaux, notamment la France.
Ce constat désolant distille le doute et le scepticisme à l’origine de certaines analyses sur la création de la force antiterroriste du G5 Sahel, lesquelles soutiennent que «c’est surtout l’argent -éventuellement partiellement détourné- des bailleurs étrangers qui a motivé la création de cette force militaire sous-régionale. N’ayant ni la capacité ni les moyens et sans doute pas non plus une réelle envie de combattre le terrorisme et le crime organisé sévissant à travers leurs pays respectifs, les états du Sahel cherchent donc à tirer profit de cette vieille et corrosive logique de la Francafrique», écrivait récemment le site «Orientxxi.info».