Le décès de l’homme fort du Tchad, un pays dont l’armée est la principale force du G5 Sahel (composé du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad) et au devant de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest, suscite la peur et l’inquiétude à l’image de la réaction des personnalités mauritaniennes.
Mohamed Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), met en évidence le caractère dictatorial du régime Deby «les évènements au Tchad montrent quand il y a des dangers, les dérapages sont toujours à craindre. Ce pays est un maillon essentiel du G5 Sahel, et cela remet en cause le dispositif de lutte contre le terrorisme mis au point par la France dans la sous région. Est-ce qu’il est pertinent de s’appuyer sur des régimes violents et impopulaires vis-à-vis des populations et des forces démocratiques pour lutter contre le terrorisme, à l’image de ce qu’on a constaté au cours de la récente élection présidentielle au Tchad?».
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Dans l’analyse du leader de l’UFP, le résultat du refus obstiné de la transparence dans les urnes au Tchad à l’occasion de ce scrutin «est l’irruption d’un troisième larron, non issu de l’opposition démocratique», ce qui constitue un départ vers l’incertitude politique et sécuritaire aux niveaux national et sous régional.
Moussa Mohamed Amar, analyste politique, ancien directeur général de l’agence gouvernementale d’informations, estime que «la mort du président Idriss pose de nombreuses interrogations. Des questions vitales, quelle que soit la cause de cet évènement tragique. Le Tchad joue un rôle capital dans la lutte contre le terrorisme au Sahel (Al Qaïda et l'Etat Islamique), et fait face à Boko Haram dans le lac Tchad et au Cameroun».
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Au-delà des doutes sur les circonstances de la mort du Maréchal, cet observateur habitué des forums sur la sécurité dans le Sahel, s’interroge sur ce que sera l’attitude des successeurs de Deby face aux enjeux sous régionaux, quand on sait que l’envoi des troupes tchadiennes sur les différents théâtres d’opérations procédait de la volonté du défunt président, et non d’une loi votée par l’assemblée nationale.
Rapelons qu'un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 membres, dirigé par le général Mohamed Idriss Deby, fils du défunt président, a été mis sur pied, en violation des dispositions constitutionnelles relatives à la vacance du pouvoir.