A moins de trois mois du scrutin crucial de l’élection présidentielle sénégalaise, prévue le 24 février 2019, l'adrénaline monte.
Au pays de la "Teranga", l’opposition manifeste sa colère contre les présidents ivoirien, Alassane Dramane Ouatara, et mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz.
En cause, des déclarations, faites samedi 1er décembre dernier, à l'occasion de l’investiture de Macky Sall, président en exercice et candidat à sa propre succession.
Lors d'une cérémonie aux allures de véritable show à l’américaine, organisée dans l'enceinte du "Dakar Arena", les deux présidents avaient en effet clairement fait campagne et pris fait et cause pour la réélection de Macky Sall, souhaitant ardemment à cette occasion un second mandat au président sénégalais, du fait de "ses qualités d’homme d’Etat et son attachement à la paix".
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Dans une correspondance adressée aux présidents ivoirien et mauritanien, la conférence des leaders du Front patriotique pour la défense de la république (FPDR - opposition) "exprime surprise et consternation pour les propos tenus" par les présidents Ouattara et Abdel Aziz.
La lettre du FPDR rappelle que pour "beaucoup moins, l’ambassade du Sénégal en Côte d’Ivoire a été envahie par des jeunes militants" pendant la crise électorale de 2010-2011 à Abidjan.
Le collectif de l’opposition sénégalaise affirme également que le Sénégal se dirige vers l’élection présidentielle la plus risquée de son histoire politique.
Il explique ainsi que "pour la première fois, le candidat sortant instrumentalise la justice à l’effet d’empêcher la candidature de ses principaux opposants, Karim Wade et Khalifa Sall".
"Le gouvernement refuse ouvertement l’application des dispositions du Code électoral, notamment l’article L48, qui donne aux partis politiques un droit de regard et de contrôle sur le fichier électoral", poursuit, lapidaire, le communiqué du FPDR.
Et les membres de ce collectif, qui forme la principale composition de l'opposition du pays, d'expliquer que "dans un tel contexte, les citoyens sénégalais se mobilisent contre ce déni de justice, comme en atteste leur participation massive à une marche populaire organisée le 29 novembre dernier, à l'avant-veille de vos déclarations et propos, qui sonnent comme une ingérence inadmissible et une pression scandaleuse".
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Les rédacteurs de cette correspondance ajoutent aussi que "quand (les]) deux pays ont été confrontés à une situation comparable, le Sénégal a adopté une démarche fraternelle visant à encourager le dialogue et le consensus. Aujourd’hui, vous ([es deux chefs d'Etat, Ndlr) choisissez un camp, celui du coup d’Etat électoral de Macky".
Rappelons que le prédécesseur de Macky Sall, l'ex-président Abdoulaye Wade, dont les partisans constituent la catégorie la plus significative de l’actuelle opposition sénégalaise, avait été accusé par l’opposition mauritanienne d’avoir grandement contribué à la «validation» du coup d’Etat militaire du 6 août 2008 de l'actuel président en exercice, Mohamed ould Abdel Aziz.
Par ailleurs, il faut également se souvenir que le FPDR a récemment fait le tour des chancelleries occidentales dans le but de dénoncer "les dérives" du régime de Dakar.
Au-delà de ces fermes critiques par l'opposition à l'encontre du chef d'Etat sénégalais toujours en exercuce, des protestations et des accusations d’ingérences, de nombreux analystes politiques s’interrogent sur le poids réel poids de ce soutien apporté par deux chefs d’Etats étrangers sur l'électorat du Sénégal.
Le vote des Sénégalais a en effet, déjà conduit dans le passé à deux alternances dans l'exerciuce du pouvoir.
Ces analystes politiques estiment finalement, en toute logique et impartialité, que seuls les Sénégalais seront à même de décider, le 24 février 2019, lequel parmi les candidats en lice sera leur futur président.