Les échanges commerciaux intra-africains ne dépassent pas les 15% du commerce du continent. L'une des principales explications à cette faiblesse est l’absence d’infrastructures (ponts enjambant les fleuves, routes, autoroutes, logistique, etc.) reliant les pays africains. Du coup, souvent, il est moins coûteux d’importer des produits d’un marché lointain que chez le voisin.
A titre d’illustration, les capitales des deux Congo –RD Congo et R du Congo, les plus proches du monde, hormis Rome et le Vatican, séparées par le fleuve Congo, ne sont pas reliées et les échanges entre les deux pays sont handicapés par l’absence d’une infrastructure adaptée, un pont routier et rail.
Consciente que l’un des facteurs majeurs de la faiblesse des échanges commerciaux en Afrique est lié à la faiblesse des infrastructures, la BAD a fait de l’intégration régionale africaine sa priorité dans le but d’améliorer les échanges commerciaux et la compétitivité africaine. Ainsi, intégrer l’Afrique fait partie des 5 axes stratégiques de la banque panafricaine: éclairer l’Afrique (électricité), nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vis des Africains. Cinq leviers qui devrait contribuer à la transformation structurelle du continent africain.
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Consciente du rôle des infrastructures dans le développement de l’intégration du continent, la BAD multiplie les financement dans les infrastructures à même de développer les échanges intra-africains. En voici quelques exemples de projets structurants qui permettront de contribuer au développement des échanges commerciaux et au développement de l’intégration du continent.
- Cameroun-Tchad: pont Yagoua-Bongor sur le fleuve Logone
Les échanges commerciaux entre le Cameroun, pays côtier, et le Tchad, pays de l’hinterland, deux pays séparés par le fleuve Logone, sont limités par la qualité des infrastructures routières et surtout par le fait que les deux pays sont reliés par un seul pont, celui de N’Guéli, construit en 2012 et qui relie la capitale tchadienne N’Djamena à la ville camerounaise de Kousseri. Or, pour ses échanges commerciaux, le Tchad est obligé de recourir au port de Douala du Cameroun situé à 1.651 km de sa capitale N’Djamena. Sur une frontière longue de 1.094 km, les deux pays sont reliés, jusqu’à présent par un seul pont. Ce qui limite les échanges entre les deux pays.
Afin d’accroître les échanges, un second pont va bientôt voir le jour. Il s’agit de celui devant relier les villes de Yagoua (Cameroun) à Bongor (Tchad). Long de 620 mètres, il servira à relier par une route de 14,1 km les deux villes situées à l’extrême nord du Cameroun et qui sont reliées actuellement par un bac.
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La BAD encourage la réalisation de cette infrastructure avec un financement de 66 millions d’euros, soit 43,27 milliards de francs CFA. «En plus e ses retombées directes pour ses usagers et les habitants des villages environnants, le pont devrait libérer le potentiel économique dans les secteurs de l’agriculture, du bois et des minéraux dans el nord du Cameroun et dans le sud-ouest du Tchad», soulignait Ousmane Doré, directeur général de la BAD pour la région d4Afrique centrale.
Ce pont va permettre d’accroître les échanges commerciaux entre les deux pays achat que le Tchad utilise le port de Douala au Cameroun pour ses opérations d’import-export.
- Mauritanie-Sénégal-Gambie: le pont de Rosso et de Farafégné pour développer les échanges
La Mauritanie et le Sénégal sont séparés par le fleuve Sénégal. Même s’il existe un pont au niveau du barrage de Diama, les échanges entre les deux pays se font essentiellement au niveau de Rosso, ville frontalière, par le biais d’un bac. Une situation qui limite les échanges commerciaux entre les deux pays et au niveau de la région.
Du coup, depuis plusieurs années, surtout avec le développement des échanges commerciaux entre le Marco et l’Afrique de l’ouest, l’idée d’ériger un pont entre Rosso Mauritanie et Rosso Sénégal a fait son chemin.
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Le projet sera enfin lancé mi-décembre 2018 par les chefs d’Etat des deux pays. Il s’agit d’un projet encouragé par la Banque africaine de développement. D’un coût global de 87,6 millions d’euros, sot 57,5 milliards de Francs CFA, la BAD va assurer 46,5% du coût global de cette infrastructure.
Long de 1.461 mètres linéaires, ce pont qui enjambe le fleuve Sénégal, la frontière naturelle entre les deux pays, aura des impacts positifs au niveau de l’intégration régionale Il contribuera à une augmentation du trafic des voyageurs et des marchandises entre les deux rives et une forte réduction du temps de franchissement de la frontière. Au-delà des échanges entre les deux pays, ce pont permettra d’intensifier els échanges entre le Maghreb et l’Afrique de l’ouest. Sa réalisation intervient à un moment où les échanges entre le Maroc et les pays de la région ouest-africaine connaissent une forte croissance.
Ainsi, ce pont, et celui de Farafégné qui vient d’être finalisé sur le fleuve Gambie et qui relie le nord et le sud du Sénégal via la Gambie, d’un coût global de 53 milliards de Francs CFA (80 millions d’euros) et financé essentiellement par la BAD, les pays de la région -Mauritanie, Sénégal, Mali, Gambie, Guinée Bissau et Guinée Conakry- seront davantage mieux intégrés.
- RD Congo- République du Congo: enfin un pont sur le fleuve sur le Congo
Enfin, un pont rail-route sera réalisé sur le fleuve Congo pour relier Brazzaville, capitale de la République du Congo, et Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo RDC), les deux capitales les plus proches au monde –hormis Rome et Vatican-, séparées uniquement par le fleuve Congo et qui sont reliées actuellement par des bateaux et des pirogues.
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Preuve de l’engagement de la BAD, ce projet a été confié au Fonds Africa50 de la BAD, fonds dédié aux infrastructures en Afrique. Le fonds va conduire le projet en vue de constituer un partenariat public-privé avec un partenaire qui sera choisi pour la construction du pont.
Cet ouvrage qui mesurera près de 1.575 mètres et comptera une route à 4 bandes, une voie ferrée et un trottoir pour les piétons, va nécessiter un investissement de 550 millions de dollars (480 millions d’euros). La BAD va débourser quelque 250 millions d’euros, soit plus de la moitié du financement de cet important projet. Les deux pays devraient apporter 110 millions d’euros et le reliquat par d’autres partenaires.
Preuve de l’engagement de la BAD pour ce projet structurant pour toute la région de l’Afrique centrale, celui-ci est délégué au Fonds Africa50 de laBAD.
De nombreuses retombées sont attendues de ce pont. Il permettra de relier Kinshasa par le rail au port en eaux profondes de Pointe Noire, au lieu du port fluvial de Matadi. Il va renforcer les infrastructures de transport et l’intégration de la région CEEAC. Le chemin de fer permettra de favoriser le transport des minerais venant du centre et du sud de la RDC et contribuer à promouvoir le commerce entre l’Est et le sud-est de la RDC.
- Burundi-Tanzanie : une route pour doper les échanges en Afrique de l’Est
Afin de contribuer au développement des échanges en Afrique de l’Est, la Tanzanie et le Burundi se sont engagés à réhabiliter les routes Kabingo-Kasulu-Manyobvu (260 km) en Tanzanie, et la réhabilitation de la section Rumonge-Gitaza (45 km) au Burundi. Il s’agit d’un projet routier structurant qui fait partie du «réseau routier est-africain» qui va relier le port de Dar es-Salam aux marchés régionaux en Tanzanie, au Burundi, au Rwanda, en Ouganda et en République démocratique du Congo (RDC).
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Le projet prévoit la construction et l’opérationnalisation d’un poste frontière unique entre les deux pays à la frontière Manyovu-Mugina.
Pour ce projet, la BAD va débloquer un financement de 322,35 millions de dollars.
La réalisation de ce tronçon routier va contribuer au développement des échanges commerciaux entre les pays de la région : Tanzanie-Burundi-Rwanda, RD Congo-Ouganda. Cette route permettra le désenclavement des zones rurales, la réduction des coûts d’exploitation et l'amélioration de la sécurité routière.
- Energie: l’interconnexion électrique Niger-Nigeria-Bénin-Burkina Faso-Togo
Outre les infrastructures de transport, le déficit en énergie constitue un obstacle fondamental à la transformation structurelle de l’Afrique, notamment au niveau de l’Afrique de l’ouest où les taux d’électrification sont parmi les plus bas au monde. Au Niger, celui-ci tourne autour de 10%, contre un taux moyen de 31% pour l’Afrique subsaharienne.
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Pour contribuer à l’amélioration de l’électrification au niveau de la région, la BAD finance un projet d’interconnexion entre 5 pays de la région ouest-africaine (Niger, Nigeria, Burkina Faso- Bénin et Togo) pour un montant de 39,37 milliards de Francs CFA, soit 60 millions d’euros.
Baptisé «Dorsale Nord», ce projet structurant vise la construction d’une ligne d’interconnexion de 330 kv entre les 5 pays sur une distance de plus de 800 km allant du Nigeria au Burkina Faso en passant par les 3 autres pays.
Ce projet va contribuer à l’amélioration du taux d’accès à l’électricité au niveau de la région. Ce projet rentre dans le cadre d’un projet régional porté par la CEDEAO et qui vise à la mise en place d’un marché régional d’échange et de partage de surplus de production d’énergie.