Mauritanie-Sénégal: deux Etats face à un destin commun

Le président Ould Abdel Aziz et le président Macky Sall.

Le président Ould Abdel Aziz et le président Macky Sall.

Le 09/02/2018 à 10h42, mis à jour le 09/02/2018 à 11h05

Le président sénégalais Macky Sall est arrivé jeudi en début de soirée à Nouakchott, précédé d'une forte délégation gouvernementale, pour une visite de travail de 48 heures. Cet événement marque le début d'une série de négociations sur plusieurs dossiers stratégiques pour les deux pays.

Le président sénégalais, Macky Sall, est arrivé à Nouakchott accompagné d’une forte délégation gouvernementale, ce jeudi en fin d’après-midi, pour une visite de travail de 48 heures.

Ce voyage répond à une invitation de son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. La délégation sénégalaise, qui a précédé Macky Sall, comprend notamment les ministres des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, maître Sidiki Kaba, le ministre de la Pêche, Omar Gueye, le ministre du Pétrole et des énergies, Mansour Elimane Kane, le ministre de l’Elevage, Aminata MBengue NDiaye, et de nombreux hauts fonctionnaires et experts.

La composition des délégations sénégalaise et mauritanienne atteste de l’importance des sujets qui seront abordés au cours de cette visite.

Il s’agit notamment de la perspective de signature d’un accord de pêche préservant l’intérêt mutuel des deux Etats et des peuples, notent les observateurs à Nouakchott.

Ainsi, les négociations ont débuté pied au plancher dès l’aéroport de Nouakchott, aussitôt après l’arrivée du président Sall.

Celles-ci portent sur le renouvellement de plusieurs centaines de licences de pêche en faveur des pêcheurs de Saint-Louis, notamment du quartier de Guet-Ndar.

Les autorisations de pêche dans les eaux mauritaniennes sont suspendues depuis 2 ans, suite à l’adoption par Nouakchott d’une réglementation rentrant dans le cadre de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de gestion des pêcheries.

Ces négociations interviennent après une vive tension créée par le meurtre d’un pêcheur sénégalais suite à des tirs de gardes-côtes mauritaniens, le 27 janvier dernier, suivi d’un pillage de commerces mauritaniens à Saint-Louis.

Ces actes isolés, mais très graves, ont réveillé les mauvais souvenirs des massacres d’avril 1989. Au-delà de la mémoire douloureuse, ces faits ont suscité une profonde émotion dans tous les segments de la société à Dakar et Nouakchott.

Un élan qui a créé aujourd’hui la dynamique de négociations sérieuses qui suscite un énorme espoir.

Les négociations entamées jeudi soir portent également sur les droits de transhumance du cheptel mauritanien vers le Sénégal, en perspective d’une période de soudure à partir du mois de mars prochain, dans un contexte de profonde sécheresse qui menace le bétail et les hommes, l’élevage étant l’une des mamelles les plus importantes de l’économie mauritanienne.

Par ailleurs, au cours de cette visite, les gouvernements du Sénégal et de Mauritanie vont aborder la question de l’exploitation commune d’un gisement de gaz offshore transfrontalier de classe mondiale, découvert en 2016 par «Kosmos Energy». Il s'agit du second plus important gisement gazier découvert en Afrique au cours de ces dernières années.

Autant de raisons et d’intérêts communs, qui autorisent à penser que Dakar et Nouakchott ont décidé d’enterrer définitivement l’ère des destinées singulières en créant les conditions d’une intégration progressive, exigée par la réalité économique, en conformité avec la géographie, l’histoire, la culture et la religion.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 09/02/2018 à 10h42, mis à jour le 09/02/2018 à 11h05