La France avec des 2100 milliards de dollars et les Etats-Unis avec leurs 12000 milliards sont critiqués, mais ils peuvent se le permettre. Ce sont des pays riches, dont la norme d'endettement peut facilement dépasser les 100% de PIB. Personne ne s'en émeut. Ce n'est pas le cas des pays pauvres.
Si la Banque mondiale estime que le niveau d’endettement du continent est globalement soutenable, avec une dette moyenne représentant 50% du PIB, il n’en demeure pas moins que certains dépassent largement les limites jugées acceptables. La Mauritanie fait partie de ce lot, à l’instar de l’Erythrée, de l’Egypte, du Soudan, etc.
Selon le directeur du département Moyen Orient, Asie centrale, Afrique du nord du FMI, Masood Ahmed, la dette de la Mauritanie est estimée à 93% du produit intérieur brut du pays, soit un niveau dépassant largement la moyenne du continent. Un niveau difficilement soutenable pour le pays surtout en cette période marquée par la chute des recettes tirées des exploitations minières et pétrolières à cause de la chute des cours des minerais (fer et or) sur le marché mondial et le niveau bas du baril de pétrole combiné à une baisse de la production pétrolière. Une situation qui se traduit par la baisse des recettes budgétaires obligeant l’Etat à revoir ses sources de recettes, notamment sa fiscalité, et à recourir davantage à l’endettement international.
Toutefois, pour l’expert du FMI, de la dette mauritanienne il convient de retrancher les 20% représentant une dette passive du Koweït qui ne génère pas d’intérêt. Du coup, le service de la dette reste à un niveau relativement supportable, selon le FMI.
Reste que la croissance du PIB mauritanien reste trop modeste. Selon les estimations du FMI, celui-ci ne devrait pas dépasser 3,2% en 2016 et les projections tablent sur une évolution de 4,3% en 2017, a expliqué Masood Ahmed, lors d’une conférence de presse en marge des Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
Selon Eric Mottu, Chef de mission du FMI pour la Mauritanie, «le pays traverse une phase délicate du fait de la baisse des cours mondiaux du minerai de fer et dans une moindre mesure du pétrole. Cependant, on a noté une bonne réaction des autorités en 2015 et 2016 avec la mobilisation des financements extérieurs». Toutefois, selon les responsables du FMI, «il reste encore un gros travail à faire pour mettre le pays sur une trajectoire de croissance et diversifier l’économie».
Quelques recommandations du FMI
A la faveur des consultations au titre de l’article IV des statuts du FMI organisées au mois de mai dernier, trois recommandations ont été faites par l’institution financière internationale à la Mauritanie :
1. restaurer les grands équilibres extérieurs en agissant sur la balance des paiements par une réforme du marché des changes visant à le rendre plus flexible,
2. maintenir la dette publique à une niveau soutenable,
3. diversifier l’économie grâce à une amélioration du climat des affaires.