En exhumant subitement le projet de réalisation d’un pont sur le fleuve Sénégal au point frontalier des 2 Rosso (Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie) fin 2016, les gouvernements de Mauritanie et du Sénégal avancent vers l’accomplissement des rêves des populations transfrontalières et de tous les partisans de l’intégration économique en Afrique de l'Ouest.
Il faut dire que les deux Etats n'avaient pas le choix. Il devaient se conformer à une exigence des bailleurs de fonds relative à un accord préalable avant la fin 2016, pour la construction de l’ouvrage. Au-delà de ce délai, ils risquaient de perdre les financements des bailleurs de fonds.
Ces deux villes frontalières se trouvent à respectivement 200 kilomètres au sud de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, et à 350 kilomètres au nord-est de Dakar, capitale du Sénégal.
Après plusieurs années de blocage, Nouakchott et Dakar ont franchi des pas décisifs au cours des dernières 48 heures, grâce à la signature de deux conventions de financement avec la Banque africaine de développement (BAD).
Lire aussi : Mauritanie-Sénégal: le pont sur le fleuve enfin sur les rails
Ainsi, le ministre mauritanien de l’Economie et des finances, Moctar Ould Diaye, et le directeur du bureau régional de développement et des prestations de services pour l’Afrique du Nord de la BAD, ont signé un accord de prêt de 12 milliards d’ouguiyas destinés au projet, mardi dernier. Mercredi, ce fut au tour du ministre sénégalais de l’Economie et des finances et du plan, Amadou Bâ, de signer un autre accord de prêt de 6,285 milliards de francs CFA avec la BAD, dans la même perspective.
Le financement global de ce projet est estimé à 87 millions d’euros. La mobilisation de cette enveloppe sera assurée grâce au concours de la BAD, la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Union européenne (UE) et les gouvernements du Sénégal et de la Mauritanie.
Il s'agit d'un ouvrage de deux fois une voie et d'une largeur de 800 mètres. Il va permettre de relier les 1.461 mètres qui séparent les deux rives du fleuve Sénégal.
La réalisation du pont «va stimuler les échanges entre la Mauritanie et le Sénégal, et même les échanges au niveau régional, en réduisant considérablement le temps de franchissement du fleuve.
Cette opération est assurée actuellement par un bac qui ne fonctionne qu’à certaines heures pendant la journée.
Lire aussi : Sénégal-Gambie: les travaux de construction du pont clouent le bac de Farafegny au port
L’étude de faisabilité de la BAD insiste également sur la nécessité de faire accompagner la réalisation du pont «par des mesures de facilitation du transport et du commerce, pour permettre une augmentation sensible du trafic des voyageurs et des marchandises».
Le temps d’attente à la frontière de Rosso, véritable calvaire des voyageurs, est actuellement de deux heures au mnimum. Avec la réalisation du pont il serait réduit à une trentaine de minutes, formalités comprises.
Au-delà de l’intégration entre la Mauritanie et le Sénégal, le pont de Rosso va également établir la jonction entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union du Maghreb arabe (UMA).
Ce pont permettra également de combler l’un des chaînons manquants du Corridor transafricain n°1 devant relier Le Caire à Dakar et permettre un développement des activités de transport le long des corridors transafricains Tanger-Lagos et Alger-Dakar, estime la même étude.
Autant de facteurs qui devraient stimuler la croissance des deux Etats et contribuer à la réduction de la pauvreté.Mauritanie-Sénégal: le financement de la BAD acquis pour le pont de Rosso