Au terme des consultations entre la Mauritanie et le Fonds monétaire international (FMI), menées sur la base de l’article IV des statuts de l’institution financière internationale, les experts du Fonds ont recommandé aux autorités mauritaniennes une diversification de l’économie et une mise à niveau des infrastructures du pays.
«A l’heure actuelle, il importe avant tout d’accompagner la croissance, combattre la pauvreté et le chômage, diversifier l’économie et répondre aux besoins en infrastructures, tout en renforçant par ailleurs la stabilité macroéconomique, la position extérieure et la viabilité de la dette», estiment les administrateurs du FMI en conclusion de cet exercice.
Pour atteindre ces objectifs, fixés dans le contexte d’une économie aux ressources limitées et un endettement élevé (72% du PIB), les administrateurs du FMI incitent le gouvernement mauritanien «à mener des politiques prudentes et à réaliser des réformes structurelles de manière soutenue».
En effet, pour l’institution financière de Washington «les réformes structurelles et la mise à niveau des infrastructures sont vitales pour corriger les déséquilibres extérieurs et promouvoir la diversification de l’économie».
Question du taux de change et spectre de la dévaluation?
Parmi les administrateurs ayant travaillé sur le cas de la Mauritanie dans le cadre des consultations 2017 au titre de l’article IV des statuts du FMI, il s’est dégagé une majorité «jugeant prioritaire le fait d’assurer une plus grande souplesse du taux de change pour contribuer à doper la compétitivité, améliorer la situation extérieure, absorber les chocs et permettre à la politique monétaire de mieux gérer les contraintes de liquidités bancaires et d’accompagner la croissance économique».
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Face à ce raisonnement, plutôt séduisant en théorie, quelques administrateurs mettent un gros bémol en insistant sur la spécificité de l’économie mauritanienne. Ce petit nombre d’administrateurs «doute notamment du potentiel qu’offrirait le taux de change pour doper la compétitivité compte tenu des capacités de production limitées du pays».
Le document du FMI fait également état «de la crainte manifestée par les autorités à ce qu’une politique monétaire accommodante ne compromette les efforts engagés pour stabiliser une situation extérieure qui demeure fragile».
De manière générale, les administrateurs engagent les autorités à mettre en place «un système d’adjudication des devises transparent et ouvert à la concurrence, à lever les obstacles réglementaires au développement d’un marché inter bancaire et à renforcer les réserves».
Par ailleurs, le FMI se prononce en faveur d’une politique budgétaire centrée sur «la consolidation des ajustements assurés jusqu’à présent par la création d’une marge de manœuvre budgétaire en accélérant les réformes en cours. Ce qui permettrait d’accroître les dépenses sociales et les dépenses d’infrastructures sans compromettre la stabilité macroéconomique ni la viabilité de la dette».
La Mauritanie doit également poursuivre la modernisation des administrations fiscale, douanière et mettre en place un impôt sur les sociétés, adopter la nouvelle loi organique des finances, revoir et supprimer progressivement les exonérations fiscales.
Le document met en garde contre «les risques grandissants qui pèsent sur la stabilité financière» et encourage «le crédit au secteur privé».
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Globalement, l’économie mauritanienne est confrontée «à un environnement extérieur complexe marqué par la faiblesse et la volatilité des cours mondiaux des métaux».
Ce pays tire plus de 1/3 de ses ressources budgétaires de l’exportation du minerai de fer brut. La chute marquée des cours des matières de base en 2014 et 2015, a réduit de moitié les exportations, creusé le déficit budgétaire, pesé sur les réserves et mis en évidence la vulnérabilité des banques.
Les chiffres du document du FMI indiquent que le déficit courant a été de 15%, l’inflation contenue à 1,5% en moyenne, mais avec une croissance faible estimée à 1,7%, pour l’année 2016.