A partir du 1er janvier 2018, l'ouguiya sera démonétisé et changera de valeur faciale. La valeur de l'ancienne ouguiya sera divisée par 10. Ainsi, 100 ouguiyas actuels ne vaudront plus que 10 ouguiyas de la nouvelle monnaie avec, théoriquement, le même pouvoir d'achat.
Et par rapport aux devises étrangères, un euro qui s'échange actuellement contre 450 ouguiyas, ne vaudra que 45 ouguiyas à partir du 1er janvier.
Ainsi, la valeur de la monnaie ne changeant pas, les prix ne devraient pas évoluer à la hausse non plus. A titre d'exemple, la baguette de pain qui coûte actuellement 100 ouguiyas ne vaudra ainsi que 10 ouguiyas avec la nouvelle monnaie, à partir du 1er janvier 2018.
Mais entre la théorie et la pratique, il y a un grand pas. Et à ce titre, la crainte inflationniste se confirme. Les prix de certaines denrées de base ont connu une hausse vertigineuse au cours des derniers jours. Cela concerne notamment le riz, les pâtes, les médicaments, la farine ou le ciment. A titre d'exemple, le prix du sac de riz de 25 kilogrammes aurait doublé alors que le sac de ciment a augmenté de 20% pour s'échanger à 60.000 ouguiyas chez certains commerçants.
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Certains produits n'ont pas connu de hausse des prix, mais une baisse de leur poids. C'est le cas du pain qui conserve son prix unitaire de 100 ouguiyas mais dont le poids a été réduit par les boulangers, une manière de répercuter la hausse du prix de la farine.
Pourtant, ces hausses sont injustifiées dans la mesure où la valeur de l'ouguiya n'a pas changé. «Ce phénomène est imputable à une spéculation pure et simple de la part des commerçants», avance un analyste. En clair, ces derniers sont déterminés à tirer le maximum de profit de la nouvelle situation, surtout en l'absence de contrôle des prix. Pourtant, l'Etat devrait anticiper sur cette situation, connaissant la mentalité des commerçants mauritaniens à vouloir gagner de l'argent dans des conditions pareilles.
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Partant, et face à l'approche de l'échéance, les agents de la Banque centrale de Mauritanie sont en mission à l'intérieur du pays pour expliquer le changement de l'étalon de l'ouguiya, les véritables enjeux de cette réforme et le fait que la démonétisation et le changement de la valeur faciale n'entrainent pas une variation des prix.
Reste que dans un pays de 1,03 million de kilomètres carrés comprenant une importante frange de la population non alphabétisée, une semaine suffira-t-elle à la Banque centrale pour sensibiliser sur une réforme aux enjeux aussi importants?
Pour cette campagne de sensibilisation, plusieurs directeurs de la BCM sillonnent depuis mardi les capitales de régions, villes et départements, insistant sur «le devoir patriotique et citoyen d’accompagner cette opération pour assurer sa réussite».
Les missions menées par les directeurs de la BCM en collaboration avec l’administration territoriale, notamment les gouverneurs et les préfets, ciblent les responsables des services civils régionaux de l’Etat, les forces armées et de sécurité, les responsables des institutions financières privées au niveau des régions, les collectivités locales, les opérateurs économiques et le grand public.
Ce beau monde doit comprendre et pouvoir expliquer le sens et la véritable dimension du changement de la valeur faciale de l’ouguiya.