Les pêcheurs artisanaux de Nouakchott sont en colère contre l’administration du sous-secteur. Ainsi, fortement mobilisés ce jeudi, avec une foule de plusieurs centaines de personnes, ils ont marché de la plage au Centre hospitalier national (CHN), sur environ 5 kilomètres, pour protester contre «l’impossibilité de disposer de badges leur permettant d’accéder au lieu où s’exercent quotidiennement leurs activités».
Aussitôt la marche déclenchée, des unités de police ont été déployées dans les environs du centre hospitalier, avec des patrouilles dans le quartier de la Sebkha (populeuse banlieue sud-ouest de la capitale mauritanienne).
Un pêcheur, venant du département de Keur Macène (sud-ouest du pays) laisse parler son ras-le-bol: «Nous sommes mauritaniens et disposons de tous les pièces et documents officiels attestant notre statut de citoyens de ce pays, mais on nous refuse l’accès à la mer sans concertation et sans explication par rapport aux motivations de cette mesure».
Lire aussi : Vidéo. Mauritanie: exposition sur les potentialités du secteur de la pêche
Sur le même ton, un autre, natif de Nouakchott, invite les autorités «à clarifier leur démarche, car nous sommes totalement désorientés par une politique déconcertante et incohérente, qui prétend protéger la ressource nationale et les intérêts des consommateurs, tout en dressant des obstacles sur le chemin des acteurs chargés de ravitailler le marché en poissons, avec des risques de provoquer une pénurie et des hausses de prix injustifiées».
Cette marche des pêcheurs artisanaux de Nouakchott, notent les observateurs, intervient 24 heures après le lancement dans la ville de Nouadhibou (465 kilomètres au nord de Nouakchott) d’une campagne de recensement et d’immatriculation des embarcations de pêche artisanale le long de la côte adjacente à la Zone économique exclusive (ZEE). Un lancement présidé par le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Nany Ould Chrougha.
Lire aussi : Mauritanie: l'Etat étouffe la pêche locale au profit des étrangers
Décrivant cette opération, l’Agence mauritanienne d’information (AMI) avait souligné qu'«il s’agit d’un certain nombre d’activités comprenant: le recensement, l’immatriculation des embarcations de la pêche artisanale, l’enrôlement des pêcheurs artisanaux, en plus de la mise en œuvre du mécanisme de suivi et de contrôle qui sera ultérieurement appliqué» pour assurer la continuité de l’opération.
Dans une allocution prononcée au cours de la cérémonie de lancement, le ministre de la Pêche et de l’économie maritime a rappelé l’importance du secteur pour l’économie nationale en termes d’offre d’emplois et de contribution au budget national.
Rappelons que la Fédération libre de la pêche artisanale du nord (FLPAN) avait dénonçé, dans un communiqué, l’étouffement des activités des opérateurs nationaux à la fois au niveau des filières artisanale et industrielle, au profit des navires étrangers, dans une déclaration publiée la mi-janvier dernier. Elle avait fait part d'«une déstructuration du secteur» dont l’origine est à rechercher «dans la mise en œuvre de la nouvelle stratégie des quotas» engagée depuis 2 ans.