La situation du secteur de la pêche en Mauritanie est au centre de thèses contradictoires entre la version gouvernementale d’une bonne tenue du secteur et des progrès au niveau des exportations des produits de la mer, d’une part, et celle d’un expert mettant en avant la réalité d’un énorme déficit d’intégration à l’économie et d’une absence de valeur ajoutée qui perdure, d’autre part
Selon le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Nany Ould Chrougha, le secteur de la pêche est engagé dans un processus continue de transformation à l’origine d’une hausse constante des quantités de poissons exportées, qui sont passées de 215.000 tonnes en 2014 à 360.000 tonnes en 2017.
S’exprimant jeudi soir au cours du point de presse consacré aux commentaires des résultats de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, devant lequel il venait de présenter «un projet de décret modifiant et complétant les dispositions du décret 2015-159, portant application de la loi 2015-017 portant Code des pêches», le responsable gouvernemental a expliqué que la production nationale de poissons est exportée à l’étranger dans de bonnes conditions d’hygiène, grâce à un contrôle strict et au respect des normes internationales.
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Ce qui a permis une hausse constante des quantités vendues à l’étranger «et une croissance continue depuis quelques années. Ainsi, celles-ci sont passées de 215.000 tonnes en 2014, à 360.000 en 2017. Pendant la même période, les usines de transformation des produits halieutiques sont passées de 40 à 133, alors que le nombre de navires accrédités est passé de 100 à 190».
Tous ces progrès rendent nécessaire une reconsidération et une révision des missions confiées à l’Office national d’inspection sanitaire des produits de la pêche et de l’aquaculture (ONISPA), et c’est là l’objectif de la modification des dispositions du décret 2015-159.
Le ministre de la Pêche et de l’économie maritime a par la suite expliqué que «l’ONISPA a reçu plusieurs accréditations internationales, les plus récentes ayant été notées du côté de l’Afrique du Sud et de la Namibie, et représente la seule institution pouvant présenter de tels états de service dans la sous-région».
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Toutefois, cette thèse gouvernementale sur l’évolution et la bonne du secteur de la pêche n’est pas partagée par tous les acteurs.
Ainsi, dans une contribution publiée par la presse locale cette semaine, Sidi Mohamed Ould Mohamed Cheikh, expert des affaires maritimes, relevait qu’en dépit des efforts du président de la République «visant le développement durable du secteur de la pêche», les résultats accomplis au cours des dernières années sont en deçà des potentialités. Pour lui, «le segment artisanal et côtier souffre encore d’une anarchie chronique, d’un désordre total et d’une insécurité gênante».
Dans cette contribution, l’expert évoque des problèmes qui se posent en termes «d’absence de maîtrise des données de production, des ventes, de l’hygiène, de sécurité maritime, qui handicapent l’intégration effective du secteur à l’économie nationale».
En Mauritanie, on dénombre une flotte de 7.000 pirogues et 150 navires côtiers, plus de 40.000 emplois de pêcheurs, mareyeurs…, avec une production annuelle globale de 400.000 tonnes de différentes espèces, selon les chiffres avancés par Ould Mohamed Cheikh.