Mauritanie: réactions après la vente d’une mine de la SNIM à un groupe minier australien

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Le 27/05/2019 à 13h37, mis à jour le 27/05/2019 à 14h48

Le groupe BCM International Groupe d’Australie vient d’acquérir une mine de fer de la SNIM à F’Derick. Cette opération, qui intervient à quelques semaines de l'élection présidentielle, s’est faite dans une opacité totale et suscite nombre de réactions, tant des syndicats que des politiques.

En arrêt depuis 1983, la mine désaffectée de fer de F’Derick, est située dans une préfecture à une trentaine de kilomètre de la grande cité minière de Zouerate (au nord de la Mauritanie). Son activité va reprendre très prochainement.

Cette perspective lui est offerte par la signature, ce week-end, d’une convention entre la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) et BCM Internationale Groupe, une entreprise australienne, selon la presse locale, confirmée par des sources proches de l’entreprise et des milieux syndicaux.

Au terme du nouvel accord, une société de droit mauritanien sera créée, dont 80% du capital serait la propriété de BCM International Groupe, la SNIM conservant 20% des parts.

Le nouvel accord «comporte de nombreux avantages, avec la création de 700 nouveaux emplois, les services de transport, d’électricité et d’exportation du minerai à partir du port minéralier de Nouadhibou, assurés par la SNIM», selon le site d’informations en ligne «Sahara Médias», citant une source interne de l’entreprise minière nationale.

Cette cession s’expliquerait par le fait que la SNIM n’avait plus les moyens d’assurer une exploitation optimale de la mine de F’Derick.

Cependant, cette cession est très mal accueillie par certains milieux syndicaux, notamment la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM), qui déplore une affaire aux contours mal définis, qui intervient dans un contexte de reprise du prix du minerai de fer sur le marché mondial.

Ces syndicaliustes craignent le début d’un processus de bradage de la SNIM, la plus importante entreprise publique du pays, qui fournit historiquement un tiers des ressources budgétaires de la Mauritanie.

Par ailleurs, la cession de cette importante mine de la SNIM, dans le contexte politique d’une ambiance de fin de règne, notamment à quelques semaines d’une élection présidentielle excluant le président en exercice, à BCM Groupe International, un opérateur australien, ne passe pas auprès de l’opposition.

Illustration en est faite avec cette réaction de Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP) et candidat de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) "Changeons d’Ere" au scrutin présidentiel du 22 juin prochain.

Mohamed Ould Maouloud appelle à la mobilisation de toutes les forces de Mauritanie pour anéantir ce contrat aux clauses léonines.

Sur la base de cette cession, «la SNIM ne détiendrait plus que 20% de son minerai le plus riche avec une teneur de 64% en fer. Une opération réalisée dans une opacité totale à l’insu des cadres de la SNIM, avec une marginalisation des directions techniques. Une démarche inopportune au moment où les cours mondiaux de la tonne du minerai de fer remontent autour de 100 dollars, alors que la SNIM dispose de toutes les ressources humaines et des capacités financières pour l’exploitation de cette mine. Un choix stratégiquement suicidaire, car économiquement contre productif».

Partant, ce candidat à la présidentielle «lance un appel à la mobilisation, à tous les Mauritaniens, tous les patriotes, à la société et à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle, pour exiger l’annulation de ce contrat de cession, car la faillite de la SNIM est plus que la fin d’une entreprise, mais la mise à mort au plan économique d’une ville comme Nouadhibou et d’une cité telle que Zouerate».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 27/05/2019 à 13h37, mis à jour le 27/05/2019 à 14h48