Dans le contexte d’une presse sinistrée, la Mauritanie a décidé de légiférer sur la publicité. Ainsi, au cours d’une séance plénière tenue mardi après-midi, l’Assemblée nationale a examiné et adopté un projet de loi "portant organisation et promotion de la publicité".
L’objectif du texte est "de promouvoir le sous-secteur de la publicité, qui constitue une source vitale de stimulation des moyens d’information qui en tirent l’essentiel de leurs ressources", indiquent l’exposé des motifs.
La ministre des Relations avec le Parlement et la société civile, Hawa Tandia, est revenue sur les réformes menées par le gouvernement dans le secteur de la communication: "extension du pluralisme des médias publics, garantie de la liberté au profit de la presse écrite, audiovisuelle et électronique, avancées qui ont propulsé la Mauritanie au rang de premier pays arabe dans le domaine de la liberté de la presse".
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Toutefois, a-t-elle ajouté, la mise en place de la loi sur la publicité "dans un tel contexte requiert le respect et le renforcement des règles de déontologie, pour compléter l’arsenal juridique existant d’une part et assurer des relations claires fondées sur la confiance et la responsabilité entre les différents opérateurs dans ce domaine d’autre part".
L’adoption de cette loi, attendue depuis très longtemps, intervient dans un contexte de profonde déprime pour la presse.
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Un tableau présenté dans un récent éditorial d'Ahmed Ould Cheikh dans LeCalame, qui analyse la récente crise du papier à l’Imprimerie Nationale, à l’origine de 40 jours d'interruption des parutions. Selon l'éditorialiste: "Ou l’Etat, contrairement à ce qu’on chante, n’a pas les moyens de faire face à ses engagements, ou il veut porter un nouveau coup à la presse indépendante dont les titres tirent, tous, sans exception à l’Imprimerie nationale, après avoir interdit, depuis 2015, à tous les établissements publics d’y souscrire des abonnements ou d’y publier des annonces. Jamais, en plus de vingt-sept ans d’existence, la presse n’a connu pareille situation. Elle a vécu censures, interdictions et saisies; le pays, dévaluation, inflation et récession; mais elle continuait à tourner. Pourquoi maintenant?"
Outre la presse écrite, il faut rappeller que les télévisions privées mauritaniennes ont toutes perdu le signal depuis plus de 3 mois en raison d'un défaut de paiement des redevances. Idem pour les radios qui n’ont plus les moyens techniques et financiers de fonctionner.
Tout ceci à l’orée d’un agenda électoral chargé.
Il faut donc espérer que la loi sur la publicité redonne le sourire à une presse aux abois, mais qui demeure un acteur indispensable dans tout système de démocratie pluraliste.