La répartition du Fonds d’aide à la presse privée, une enveloppe globale de 20 millions d'ouguiyas, soit un peu moins de 500 000 euros, est au centre d’une vive contestation de la part des éditeurs de la presse écrite privée.
Moussa Samba Sy, président du Rassemblement de la presse mauritanienne (RPM), directeur de publication du Quotidien de Nouakchott, dénonce une opération «à travers laquelle les membres du comité de gestion se sont créés des organes propres à eux pour s’attribuer les montants les plus conséquents, au détriment de la véritable presse. Ils se sont sucrés sur le dos des vrais éditeurs».
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Même son de cloche chez Ahmed Ould Cheikh et Mamoudou Sy, respectivement directeurs de publication des hebdomadaires Le Calame et L’Eveil, qui désapprouvent une clef de répartition suivant laquelle «le président et les six membres de la commission ont touché chacun 150 000 et 120 000 ouguiyas pour un travail en principe bénévole, alors que les subventions les plus importantes attribuées aux journaux ne dépassent pas 70.000 ouguiyas».
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Dans la répartition du Fonds d’aide publique à la presse privée 2018, l’Imprimerie nationale, plongée dans d’énormes difficultés financières depuis plusieurs mois, a bénéficié de 4 millions d’ouguiyas. 54 journaux, parmi lesquels à peine 10 paraissent régulièrement, 200 sites électroniques, 5 chaînes de télévision (dont les émissions sont arrêtées depuis plus de 3 mois pour défaut de paiement de redevances) et quelques chaînes de radios en grosse difficultés, en ont également bénéficié.
Le sentiment largement partagé par les éditeurs indépendants est que «les autorités veulent étouffer les organes qui dérangent».