La Mauritanie recule de 17 places dans le rapport 2018 de Reporters sans frontières (RSF-ONG de la défense de la liberté de la presse à travers le monde) publié mercredi.
Sur un plan général, ce document constate que «la liberté de la presse s’est encore dégradée dans le monde en 2018», même s’il note «de légers progrès dans la zone subsaharienne» avec « une situation difficile, voire très grave dans 22 des 48 pays du continent».
Pour comprendre la dégringolade vertigineuse de la Mauritanie, sanctionnée par la perte de 17 places, en un an, il faut rappeler la condamnation à la peine capitale du blogueur Mohamed Ould M’Kheitir, pour «apostasie». Une sentence annulée par un arrêt de la Cour suprême fin 2017.
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Mais en dépit de cette dernière décision, le sort du jeune homme reste inconnu, selon ses avocats, qui affirment ne pas avoir de ses nouvelles. C’est dans ce contexte que les autorités ont décidé de durcir la loi réprimant le blasphème.
Mais au-delà du cas Mohamed Ould M’Kheitir, la presse mauritanienne traverse une période de hautes turbulences, marquée par la fermeture de la quasi-totalité des radios et télévisions privées, faute de paiement des redevances.
Ce qui renvoie les entreprises de presse à un environnement déprimant.
Par ailleurs, le recul de la Mauritanie dans le classement RSF de 2018 est perçu par de nombreux analystes comme l’un des dégâts collatéraux du placement sous contrôle judiciaire de quatre acteurs des médias dans le cadre d’une instruction pour présomption de corruption, visant le banquier Mohamed Ould Bouamatou et 12 anciens sénateurs.
Curieusement, cette régression ne semble pas perturber les autorités de Nouakchott, si on se fie au traitement de cette information par l’Agence mauritanienne d’information (AMI), véritable voix de son maître.
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En effet, ce média rapporte que «pour la septième fois consécutive, la Mauritanie, classée 72e mondial, est en tête des pays arabes en matière de liberté de la presse, dans le rapport de Reporters sans frontières».
Et de poursuivre: «Cette ONG qualifie la situation de la presse en Mauritanie de non dangereuse, en dépit de la perte de 17 points au cours d’une année, suite à l’adoption d’une loi condamnant le blasphème contre le prophète (PSL), en plus du prolongement de la détention de Mohamed Ould M’Kheitir».
L’agence gouvernementale estime en définitive que «ce classement est à l’honneur du pays, quelles que soient les raisons pour lesquelles il a perdu des points».