Premiers à monter au front, les éditeurs ont dénoncé une forme de détournement déguisé de ces ressources, avec une grande partie se retrouvant dans l’escarcelle d’organes de presse dont l’existence ne va pas au-delà du simple nom.
Pour sa part, le Syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) ajoute une couche, en invitant «les autorités à revoir les conditions d’éligibilité au Fonds public d’aide à la presse privée», dans une déclaration rendue publique mardi soir.
Ce fonds est de 20 millions d'ouguiyas, 600.000 dollars, et devra passer à 25 millions d'ouguiyas à partir de l’année 2020.
Il a été réparti entre 255 sites, 111 journaux, 10 chaînes de radios et 5 chaînes de télévision, soit un total de 376 organes de presse.
Seulement, le mode de distribution est loin de faire l'unanimité. Le SJM conteste la réalité de l’existence d’une centaine de journaux et près de 200 sites admis à bénéficier de ce fonds.
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Un petit tour des kiosques à journaux de Nouakchott permet de constater facilement le nombre exagéré des publications de ce genre dont le total réel atteint à peine une dizaine.
Le même constat d’exagération est valable pour les sites d’informations en ligne.
Par ailleurs, la déclaration du Syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) annonce la soumission prochaine au gouvernement «d’une demande d’ouverture d’une enquête sur la distribution du fonds 2019, notamment la conformité de ce travail à certains critères, les conditions d’éligibilité et la révision globale de la loi pour aider la presse à sortir de la situation désastreuse dans laquelle elle se débat depuis plusieurs années».
Sevrés de publicité et d’abonnement de la part du gouvernement et des entreprises publiques «par des instructions venues d’en haut» depuis une dizaine d’années, les rares organes de presse privée qui existent en Mauritanie sont confrontés à une profonde crise.