La presse écrite se meurt en Mauritanie. Depuis une décennie, celle-ci traverse une crise profonde et les acteurs du secteur n'ont aucune visibilité. La concurrence des sites électroniques, la faiblesse du soutien de l'Etat et l'inexistance d'un marché publicitaire sont derrière les maux de cette presse.
Ahmed ould Cheikh, directeur du «Calame», décrit le contexte d’une presse privée à l’agonie, qui refuse de rendre l’âme. Elle continue à se battre contre une adversité aux visages multiples: un fonds public d’aide de 600.000 euros, réparti entre l’Imprimerie nationale, plus de 100 titres, un nombre pléthorique de sites d’information en ligne, des radios (en fait celles qui continuent à exister) et des chaines de télévision, suivant des critères dont la transparence est contestée.
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Un marché publicitaire réduit à sa simple expression, très peu d’annonces, en plus d’une interdiction d’abonnements faite aux administrations et institutions publiques pendant le règne de Mohamed Ould Abdel Aziz (2008/2019).
Cheikh Tijane Dia, directeur de publication du «Rénovateur» évoque les problèmes structurels des éditeurs: difficultés au niveau de l’Imprimerie nationale (IN), imputables à la rupture fréquente des fonds alloués par le gouvernement pendant plusieurs mois, à l’image de ce qui s’est passé en 2019 et 2020, avec des conséquences sur les employés des entreprises de presse.
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Dia aborde également la question de la répartition du fonds de 230 millions d’anciennes ouguiyas, distribué de manière peu transparente entre de multiples acteurs «éligibles».
Il invite les autorités à remettre de l’ordre dans le secteur pour redonner à la presse «son véritable statut de quatrième pouvoir».
Baba Tourade, chef de la division impression à l’Imprimerie nationale (IN), revient sur le travail quotidien de cette institution et des titres arabophones et francophones qui y sont édités.