C’est une mission polémique que des députés français s'apprêtent à entreprendre du 04 au 09 septembre courant à Nouakchott. Parmi eux, des parlementaires du «Groupe d’amitié France-Mauritanie» et de la commission des «Affaires étrangères» de l'Assemblée nationale de l'Hexagone.
Selon l’Ambassade de France à Nouakchott, à travers cette visite, les députés français souhaitent «rencontrer leurs homologues parlementaires et les autorités mauritaniennes, les écouter et recueillir leurs avis».
Seulement, à une journée de ce voyage, une partie de l’opinion de l’Hexagone s’interroge au sujet de la situation politique, économique et sociale qui prévaut en Mauritanie et des véritables motivations, au-delà d’un discours officiel très laconique.
Parmi les voix les plus audibles figure celle de Me William Bourdon, président de l’ONG Sherpa, célèbre dans la lutte contre «les biens mal acquis» des dirigeants africains. Il souligne avoir sollicité sans succès une rencontre avec les membres de la délégation attendue à Nouakchott ce dimanche. «J’aurais aimé attirer leur attention sur ce pays qui traverse depuis plusieurs années une crise lourde de périls. Comme pour d’autres Etats du Sahel, la France continue à aider aveuglement le gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz, pourtant lourdement gangrené par la corruption, le despotisme et les violations répétées des droits de l’homme».
Maître Bourdon déplore le silence des autorités françaises face «aux dérives» du régime de Nouakchott «contre de vagues promesses de lutte contre le terrorisme, alors que sur place sont dénoncés des pactes entre le pouvoir et les réseaux terroristes».
Des documents dont la fuite aurait pour origine les services secrets américains, ont soutenu il y a quelques mois, l’hypothèse «d’un pacte de non agression» entre Nouakchott et la nébuleuse terroriste «Al Qaida» moyennant le versement régulier d’une enveloppe allant de 10 à 20 millions d’euros.
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a fait de la lutte contre le terrorisme l’objectif premier de son pouvoir après le putsch du 06 août 2008, pour gagner la confiance des partenaires occidentaux, a formellement démenti ces allégations.
En évoquant la situation qui prévaut en Mauritanie, maître William Bourdon rappelle également le procès récent à l’issue duquel 13 militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG antiesclavagiste) ont été condamnés à des peines de réclusion allant de 3 à 15 ans (suivant le verdict d’une Cour criminelle rendue le 18 août dernier).
Il rappelle aussi le cas de militants du Mouvement du 25 Février (M25) et «Mani Chaari Gasoil» condamnés à des peines de prison ferme.