C’est un coup dur pour le camp de la majorité présidentielle et le président Mohamed Ould Abdel Aziz. En effet, l’Alliance populaire progressiste (APP) de Messaoud ould Boulkheir, un parti d’opposition historique et qui est désormais classé comme faisant partie de l’opposition modérée, vent de faire connaître son opposition claire et nette à toute tentative du gouvernement visant à faire valider les propositions de reformes constitutionnelles retenues lors du dialogue national, dit inclusif, par un simple vote des élus des deux chambres.
En effet, le parti du président du Conseil économique et social et ex-président de l'Assemblée nationale mauritanien «exige une consultation populaire par voie référendaire», comme le prévoyait le dialogue national organisé du 29 septembre au 20 octobre 2016.
Cette sortie intervient à un moment où le gouvernement mauritanien, selon des déclarations de plus en plus officielles, envisage de se soustraire au référendum populaire.
Pour cela, l’APP qui a pris part au dialogue, boycotté par l’opposition dite radicale, appelle «à la mobilisation de tous les Mauritaniens issus des rangs de la majorité et de l’opposition pour barrer la route à la dérive autoritaire du pouvoir, qui menace la démocratie et les acquis républicains».
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Pour rappel, les réformes proposées par le gouvernement mauritanien portent sur la suppression du sénat, la création de conseils régionaux et le changement des symboles de la République (drapeau et hymne national).
Cette déclaration de l’APP tombe au moment où l’opposition dite radicale, regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), bat campagne contre les reformes constitutionnelles proposées par le pouvoir.
Une nouvelle donne qui pourrait créer les conditions d’une nouvelle alliance objective au sein de l’opposition mauritanienne, même si le rejet de l’APP porte sur une question de forme, alors que le couple FNDU+RFD pose un problème de fond lié à «la pertinence» des réformes, notent les observateurs.
Le parti de Messaoud Ould Boulkheir est représenté à l’Assemblée par 6 députés. Ainsi, avec les 16 élus des islamistes de Tawassoul et les 4 députés de l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la réconciliation, un parti qui a boycotté les assises du dialogue et dont les élus devraient logiquement voter contre, et quelques «égarés» de la majorité, notamment certains sénateurs opposés à la dissolution de la chambre haute, les propositions de réformes préconisées par le pouvoir pourraient prendre du plomb dans l’aile au moment décisif du vote, note un analyste très au fait des arcanes du microcosme politique national.