L’opposition mauritanienne regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes) et du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) est entrée en campagne pour faire échec aux réformes constitutionnelles que le pouvoir se prépare à faire adopter par le Parlement réuni en congrès extraordinaire.
La date de la session extraordinaire au niveau du Sénat et de l’Assemblée nationale n’a pas encore été officiellement fixée. Cependant, décidée à ne pas perdre du temps, l’opposition mauritanienne a lancé sa campagne anti-réformes constitutionnelles ce week-end (dimanche) à l’occasion d’un meeting organisé à la Sebkha (populeuse banlieue au sud-ouest de Nouakchott).
Mauritanie: pas de référendum constitutionnel à cause de la crise économique
Les réformes envisagées à l’issue d’un dialogue organisé du 29 septembre au 20 octobre, boycotté par l’opposition, portent «sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement de symboles nationaux (hymne nationale et drapeaux),...».
Au cours du meeting populaire de la Sebkha plusieurs responsables ont pris la parole invitant «les Mauritaniens à se mobiliser pour faire échec aux réformes sans pertinence politique d’un pouvoir qui tient le pays en otage depuis une dizaine d’années et se livre à un pillage organisé des ressources nationales».
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir à la faveur d’un putsch perpétré le 6 août 2008. Il a été élu au premier tour d’un scrutin présidentiel organisé le 18 juin 2009 et consacrant le retour à l’ordre constitutionnel.
Mauritanie: l’opposition dans la rue, contre les réformes constitutionnelles
Les responsables du FNDU ont également dénoncé les obstacles auxquels font face les citoyens pour se procurer les actes d’état civil à cause du comportement de la direction de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS), de la montée de l’insécurité au niveau de l’agglomération de Nouakchott, etc.
L’opposition mauritanienne va continuer à mener cette campagne au niveau des autres communes de Nouakchott du 21 au 28 janvier prochain.
Une rude bataille s’engage ainsi avec un pouvoir déterminé à mobiliser ses élus pour faire passer des réformes constitutionnelles dont le caractère «inédit» réside dans le timing. En effet, celles-ci sont initiées à la fin du règne du président Mohamed Ould Abdel Aziz, alors que dans la tradition républicaine, c’est plutôt les nouveaux régimes qui actionnent ce genre de leviers en vue d’imprimer leur marque à la gouvernance politique, économique et sociale.