Mauritanie: les partenaires européens poussent le pouvoir vers un dialogue plus inclusif

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Le 16/02/2017 à 14h11

Va-t-on vers un nouveau dialogue, réellement inclusif, entre le pouvoir mauritanien et l’opposition? Des signes montrent clairement que c’est une possibilité à ne pas écarter. Les partenaires européens, bailleurs de fonds du pays, y poussent en effet et mettent la pression pour ce faire.

Les résultats du dialogue inclusif entre le pouvoir et l’opposition modérée n’ont pas été à la hauteur des attentes des Mauritaniens. Et même l’opposition dialoguiste émet des réserves sur la tournure que le gouvernement veut donner au consensus en ne recourant pas au référendum populaire pour entériner les points sur lesquels les parties prenantes sont tombées d’accord. Ainsi, le chef de fil de l’Alliance populaire progressiste (APP), qui avait participé au dialogue, refuse la solution proposée par le chef de l’Etat de réunir les deux chambre du parlement pour entériner les réformes constitutionnelles proposés : suppression du Sénat, création de conseils régionaux, changement de l’hymne et du drapeau national, etc.

C’est dans ce contexte que d’autres pays interviennent pour demander un nouveau dialogue inter-mauritanien, incluant toutes les parties prenantes.

Ainsi, l’Union européenne, principal partenaire et bailleur de fonds du pays, pousse vers l’organisation d’un dialogue plus inclusif, impliquant les forces politiques ayant boycotté les assises organisées du 29 septembre au 20 octobre 2016.

Mauritanie: l’APP claque la porte du dialogue pour protester contre la mascarade

Cette orientation, confirmée par plusieurs sources concordantes, est évoquée au moment où Nouakchott attend la visite d’une délégation parlementaire européenne dans le cadre des échanges portant sur la coopération entre les deux parties. Celle-ci a déjà programmé dans son agenda une série de rendez-vous avec les acteurs du pouvoir, de l’opposition et de la société civile.

Les forces politiques dans le viseur du format de ce dialogue mauritanien élargi sont le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU-formé de partis politiques de l’opposition dite radicale, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes) et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed ould Dadah, pricipal parti d'opposition en Mauritanie.

Ainsi, des concertations entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et certaines hautes personnalités proches du pouvoir sur «la situation politique nationale», organisées au cours des dernières heures, semblent confirmer la nouvelle option.

Mauritanie: un nouveau dialogue politique boycotté par l'opposition

Interrogé à ce sujet, Yahya ould Ahmed Waghef, leader du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-Adil), ex-Premier ministre, affirme : «Nous n’avons jusque là aucun signal particulier de la part du pouvoir dans ce sens. Le FNDU a été tout juste saisi dans la perspective de la visite d’une délégation parlementaire européenne. Cependant, notre collectif n’a jamais fermé la porte au dialogue. Nous avons juste demandé au pouvoir de créer des conditions favorables à la concertation en prenant des mesures de nature à décrisper la scène politique. Il faut des indices probants de bonne volonté pour rassurer tout le monde dans la perspective d’une compétition électorale ouverte».

Du côté du RFD, on reste ouvert au principe de la concertation, tout en accordant peu de crédit à la possibilité d’un dialogue avec un régime totalement dépourvu de culture démocratique.

Reste à savoir si l'Union européenne, malgré son poids économique, sera en mesure de pousser le pouvoir à s'asseoir à la même table que sa large opposition.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/02/2017 à 14h11