Mauritanie: sourdes tensions après les «incursions» des forces françaises de «Barkhane»

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Le 28/02/2017 à 16h14, mis à jour le 01/03/2017 à 08h50

Revue de pressePour la deuxième fois en l’espace de deux semaines, des Mauritaniens sont enlevés dans la partie est du pays, frontalière avec le Mali. L’implication présumée des forces françaises de «Barkhane» dans ces rapts risque de faire monter la tension entre Paris et Nouakchott.

Kiosque le360 Afrique: Les rapts ont tendance à se multiplier dans la région frontalière entre la Mauritanie et le Mali. Et, selon diverses sources maritaniennes, ces rapts de Mauritaniens sont le fait de l'armée malienne et/ou de milices proches de cette armée agissant avec «l’appui discret» de la force française de «Barkhane» (du nom de l'opération menée par l'armée française depuis le 1er août 2014 et visant à lutter contre les groupes terroristes dans toute les région du Sahel).

A Nouakchott, il n’y a pas eu de réaction officielle des autorités. Toutefois, selon le site zahraa.ma, jugé proche du pouvoir, depuis quelques semaines, la frontière mauritano-malienne connaît des tensions marquées par des incursions dans le territoire mauritanien d’éléments des forces armées françaises de «Barkhane» et ce, en l’absence de toute concertation avec les autorités de Nouakchott et sans coordination avec les forces armées mauritaniennes. Une situation qui pousse le site d’information à se poser la question : «Paris cherche t-elle un conflit militaire contre l’armée mauritanienne?», tout en soulignant les tensions palpables qu’entraînent les incursions des forces maliennes bénéficiant de l'appui des forces de «Barkhane». Le site d’information s’étonne que ces incursions aient lieu alors qu’aucune attaque n’a ciblé les forces maliennes ou françaises dans cette zone et souligne que cette situation pose des questions sur les objectifs réels de cette présence et des dites incursions.

Reste que la zone frontalière d’intervention de l’armée française est litigieuse.

En effet, si comme l’explique le site d’information, les habitants de cette région «se considèrent avant tout comme étant historiquement, géographiquement et ethniquement des Mauritaniens. En plus d’avoir leurs enfants inscrits dans une école relevant de la Délégation de l’enseignement de Bassikounou, localité la plus au sud-est de la Mauritanie, ces populations profitent de temps à autre des aides du gouvernement mauritanien (creusement de puits, centre de santé,…)», il faut reconnaître que cette zone à cheval entre le Mali et la Mauritanie est sujette à des revendications de part et d’autre.

Cette situation s’explique par l’absence d’un tracé de la frontière dans cette région et entraîne régulièrement des petits couacs mineurs entre les deux pays depuis plusieurs décennies.

Du coup, les forces armées françaises, qui ne sont plus présentes en Mauritanie, profitent de cette situation de «ni ni» territorial pour opérer des incursions dans cette zone, en accompagnant les forces maliennes.

Un état de faits qui agace Nouakchott car cette présence française tend à légitimer cette zone litigieuse comme faisant partie du territoire malien. Dans ces conditions, souligne le site d’information, même si la guerre contre le terrorisme est avancée par les forces françaises pour justifier leur présence, les autorités mauritaniennes voient d’un mauvais œil ces incursions dans une zone qu’elles considèrent comme faisant partie intégrante de la Mauritanie. Une situation qui tend à créer des tensions avec les forces maliennes lorsque ces incursions sur le territoire mauritanien se multiplient, mais aussi et surtout qui participe à générer des couacs avec les alliés maliens de la force «Barkhane», souligne zahraa.ma.

Par Karim Zeidane
Le 28/02/2017 à 16h14, mis à jour le 01/03/2017 à 08h50