Annoncée pour «le plus tôt possible » avec timing autour du mois de juillet prochain, pour un coût de 6 milliards d’ouguiyas en temps de vaches maigres (16,7 millions d'ouguiya), la perspective de l’organisation d’un référendum constitutionnel sur la base de l’article 38 de la loi fondamentale, déchire littéralement la classe politique, la société civile et l’opinion en Mauritanie.
Une évolution illustrée par les réactions les plus récentes sur le sujet enregistrées notamment mercredi 29 mars. Le Syndicat libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM), l'une des 3 plus grandes centrales syndicales du pays, exprime une vive inquiétude par rapport à la démarche d’un pouvoir «qui installe en force un système dictatorial, détruisant les bases et les fondements de la démocratie, poussant inévitablement le pays vers une situation d’incertitude, de désordre, de dislocation, avec la suppression des symboles de la République».
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Il s'agit d'une démarche entreprise dans un contexte de profonde crise «avec tous les secteurs qui constituaient jadis les mamelles de l’économie nationale à terre (pêche, mines et agriculture), le chômage au paroxysme et une Mauritanie au dernier rang mondial pour tous les indicateurs économiques et sociaux».
Face à la posture de dénonciation d’un pouvoir «qui emploie toute son énergie à déstabiliser la République» à des desseins inavoués, on retrouve la position de ceux qui estiment «normale» la tenue de la prochaine consultation populaire.
Tel est notamment le cas de Messaoud Ould Bolkheir, opposant historique, leader de l’Alliance populaire progressiste (APP), ex-président de l’Assemblée nationale, et actuel président du Conseil économique et social (CES).
Un homme fortement critiqué pour avoir mis beaucoup d’eau dans son thé (boisson nationale) depuis son appel à soutenir le candidat des militaires, au détriment du représentant de l’opposition historique à l’occasion du deuxième tour de l’élection présidentielle de mars 2007.
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A travers un entretien exclusif paru dans l’hebdomadaire Le Calame de ce mercredi 29 mars, le vieux leader Haratin «tranche» le débat en affirmant sans détour que «le recours au référendum est un argument fondé du point de vue de la Constitution, de la loi, de la justice, de la logique et de la morale».
La CLTM est une centrale originellement issue d’un courant proche de la mouvance Haratine. La divergence de point de vue entre la jeune garde et le président d’un CES, qui affiche toutes les apparences d’une coquille vide, faisant office d'élément de cosmétique institutionnel, montre jusqu’à quel point le débat sur le référendum met en lambeaux l’unité de la patrie du million de poètes.
Le projet de révisions constitutionnelles défendues par le régime de Nouakchott porte sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne), la suppression de la Haute Cour de justice (HCJ) et du Haut conseil islamique (HCI).