La perspective de l’organisation d’un référendum au cours de cet été est à l’origine de la multiplication des manifestations hostiles à cette initiative du pouvoir, particulièrement chez les jeunes.
C'est le cas du mouvement fondé récemment sous l’appellation «Jamais la modification de la Constitution (JMC)», qui a organisé, dimanche dernier, une journée de réhabilitation symbolique de certaines écoles de la commune de Sebkha (banlieue sud-ouest de Nouakchott).
Ces établissements sont «dans un état de délabrement avancé» pendant que le pouvoir nourrit le projet d’organisation d’un référendum pour faire passer des réformes constitutionnelles qui déchirent à fois la classe politique et toute la société mauritanienne.
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Un objectif dont la réalisation nécessite une dépense de 6 milliards d’ouguiyas dans un contexte de profonde crise économique. La manifestation de ces jeunes a débuté avec la coupure d’un ruban symbolique portant, en gros caractères, un numéro «38», en référence à l’article 38 de la constitution du 20 juillet 1991 et ses textes modificatifs, sur la base duquel le président Mohamed Ould Abdel Aziz entend organiser la consultation référendaire dénoncée.
Les jeunes ont profité de la journée pour effectuer des travaux sur les murs, dans les salles de classes et dégager les dépôts d’ordures encombrant chaque cour d'école visitée, rapporte la presse locale.
Par ces travaux symboliques, accomplis avec de faibles moyens, le mouvement de jeunes «Jamais la modification de la Constitution (JMC)» entend «attirer l’attention de l’opinion nationale sur le besoin de consacrer les 6 milliards d’ouguiyas (soit environ 16 millions d'euros) nécessités par l’organisation du référendum 2017 à la réhabilitation des établissements scolaires et à trouver des solutions aux énormes difficultés auxquelles sont confrontées les populations au quotidien, notamment l’accès aux services de base».
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Ces jeunes affichent leur détermination à rester mobilisés jusqu’à la mise en échec du projet référendaire.
Voté par l’Assemblée nationale, et rejeté par le Sénat, ce projet référendaire porte sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux, la suppression de la Haute cour de justice (compétente pour les cas de haute trahison du président de la République) et du Haut conseil islamique (HCI).
Face à ce projet, l’opposition, les organisations de la société civile et plusieurs personnalités indépendantes crient à la violation des articles 99, 100 et 101 de la Constitution qui tracent la voie des réformes constitutionnelles.