Quelques jours après son lancement, la campagne en perspective de l’adoption d’un projet de révision constitutionnelle, à travers un scrutin référendaire prévu le 5 août prochain, s’est transformée en un vulgaire exercice de délation.
Les acteurs de cette nouvelle pièce de théâtre de piètre qualité, devant des Mauritaniens ébahis, sont les premiers responsables du pays: le président Mohamed Ould Abdel Aziz et ses sénateurs (plutôt anciens sénateurs, presque tous issus de la mouvance majoritaire).
La première salve, qui ressemble à un feu échappé d’une version améliorée des anciens Orgues de Staline, capables de lâcher 40 roquettes à la minute, notée au cours des dernières 24 heures, est partie du chef de l’Etat.
En meeting à Rosso (200 kilomètres au Sud de Nouakchott), devant une foule d’apparence totalement acquise à la cause des amendements constitutionnels, lundi en début d’après-midi, Mohamed ould Abdel Aziz a affirmé que le sénat, honorable chambre haute de notre parlement bicaméral, «est devenu une niche de corruption». Un centre de toutes les turpitudes au sein duquel règne en maîtresse impudique la honteuse pratique «de l’achat des consciences».
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Ces propos passablement allusifs de l’homme du coup d'Etat du 6 août 2008, laissent entendre que le vote négatif des sénateurs contre le projet de révision constitutionnelle, enregistré le 17 mars dernier, a été acheté par une force financière et des mains invisibles.
Qui serait alors derrière une telle opération? Il s’est abstenu de donner plus d’explications.
Dans cette histoire, qui ressemble étrangement à un exercice d’auto flagellation, la réponse du berger à la bergère, est venue du leader des frondeurs, le sénateur Mohamed Ould Ghdadda.
S’exprimant lundi soir, sur les antennes de la chaîne «Mourabitoune TV», une chaîne privée, il a largué un déluge de bombes sur la tête du président ould Abdel Aziz à la manière d’un B52 américain. Il cite le «recours à des attributions foncières par le gouvernement pour acheter la conscience et les voix des sénateurs». L'allusion est faite aux terrains octroyés par le gouvernement aux sénateurs et députés à la veille du passage du texte de réforme constitutionnelle au niveau des deux chambres parlementaires.
Le chef des sages en fronde a également parlé de la Fondation «Rahma», créée par le défunt fils du président et dont on ignore l'origine des fonds, des cafards dans les placards sous forme de marchés de gré à gré attribués à des proches et l'entourage du président et dénoncé toutes les tentatives d’espionnage dont il a été victime à la suite d’un malheureux accident de circulation.
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Cet exercice peu ordinaire se déroule dans un contexte économique difficile caractérisé par un repli constant de la monnaie nationale, l’ouguiya, qui touche ce mardi un niveau plancher, face à l’euro et au FCFA.
Ainsi, aller sur le terrain du déballage relève d’une véritable erreur de communication de la part du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui devrait éviter la polémique et se limiter à montrer «l’importance» du projet de la révision constitutionnelle par rapport à l’ancrage de la démocratie.
Mais là encore, il y a un gros bémol né de l’usage de l’article 38 de la constitution du 20 juillet 1991, une disposition controversée, car de portée générale, impropre à la procédure de révision constitutionnelle, expressément réglée par le chapitre 11, à travers les articles 99, 100 et 101 de la même constitution.