Officier de l’armée nationale depuis 1987, Mohamed Ould Kabach a fait plus de trois mois d’arrêt de forteresse en 2011, après avoir été alpagué à l’aéroport de Néma.
Depuis lors, ce militaire affirme avoir vécu un véritable calvaire. Cité par la presse locale vendredi soir, cet homme annonce avoir demandé l’asile politique et la citoyenneté à l’Etat d’Israël par l’intermédiaire d’une correspondance adressée au Premier ministre, Benyamin Netanyahou.
Parallèlement à cette requête vraiment inédite, au pays des hommes bleus, dont l’opinion perçoit l’Etat hébreux comme Lucifer avec lequel il ne faut jamais pactiser, Mohamed Ould Kabach a entamé une campagne de déballage en abordant la question d’Al Qaida en Mauritanie et l’histoire du trafic de drogue.
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Expliquant les raisons de la demande formulée auprès des autorités de Tel Aviv, l’ex officier cité par «Al Akhbar» affirme : «j’ai été contraint de prendre cette décision en réponse à l’injustice et à la persécution dont je suis victime dans mon propre pays, suite à une accusation de collaboration avec Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), portée par les services de renseignements militaires. Des allégations suivant lesquelles j’aurais bénéficié de fonds de la part de l’organisation terroriste, en échange d’informations sur les mouvements de l’armée nationale».
Il s’agit d’une arrestation et d’interrogatoires longs et serrés qui n’ont abouti à rien, dans la mesure où l’accusation contre l’officier était sans fondement, si on se fie à sa thèse servie dans la presse locale.
Il affirme par la suite avoir écrit au chef d’état-major général des armées, le général Ghazwani et au président Mohamed Ould Abdel Aziz, pour exposer son calvaire dans les détails, mais sans aucune suite.
«J’ai décidé alors de me tourner vers le Premier ministre d’Israël pour lui demander la citoyenneté de ce pays, non pas parce que j’aime cette nation, mais parce que c’est une République qui respecte ses citoyens, leurs droits et leur dignité, toutes choses que j’ai perdues en Mauritanie».
L’ancien officier ajoute pourtant qu’après sa longue incarcération, il lui a été proposé de réintégrer les rangs de la grande muette. Une option qu’il aurait refusée en exigeant une enquête sur les raisons de son arrestation «pour savoir qui en était le commanditaire».
Par ailleurs, abordant la question d’AQMI en Mauritanie, il soutient qu’il s’agit «d’une histoire créée de toutes pièces par les trafiquants de drogue qui campent actuellement à Nouakchott dans le plus grand secret».
Toutefois, il ne donne pas d’indications supplémentaires sur les milieux visés par ces propos. Ould Kabach parle aussi «du style arrogant des personnalités influentes au sein de l’Etat mauritanien, qui méprisent et ignorent les droits des citoyens, avec des risques de réactions et conséquences dramatiques».
Cet ancien officier est membre d’un groupe auteur d’une sanglante tentative de putsch contre le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, le 8 juin 2003.
Pour «le sérieux et le crédit» à accorder à cette démarche annoncée vendredi soir, A.B., fin observateur du microcosme politique national, reste plutôt prudent.