Mauritanie. Justice: les militants de l'opposition renvoyés devant la police

Le 19/12/2017 à 16h17, mis à jour le 19/12/2017 à 17h14

Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Nouakchott lundi, les militants de l'opposition mauritanienne arrêtés samedi dernier ont fait l'objet d'un retour de parquet. Ainsi, ils repassent la nuit dans un commissariat de police.

Arrêtés samedi dernier au cours d’une marche de protestation de l’opposition, huit militants affiliés à diverses organisations de la mouvance contestataire en Mauritanie ont été déférés lundi devant le procureur de la République du tribunal de Nouakchott-ouest.

Le magistrat du ministère public a décidé de ramener ces individus à la case départ, en les renvoyant à nouveau devant le commissariat de police du Ksar 2.

Dans la conduite de la procédure pénale, la mesure du Retour de parquet obéit généralement à un impératif lié à la nécessité de compléter une enquête préliminaire menée par un Officier de police judiciaire (OPJ), explique un avocat qui attendait la suite réservée au dossier devant le tribunal en vue de formaliser sa constitution en faveur de ces militants de l’opposition.

Toutefois, dans le cas constaté ce lundi, la décision du procureur suscite de multiples interrogations.

En effet, ces jeunes ont été arrêtés au cours d’une manifestation pour avoir brandi l’ancien drapeau de la République islamique de Mauritanie à la place de la nouvelle bannière nationale, adoptée à la faveur du référendum constitutionnel du 5 août 2017, boycotté par l'opposition et la majorité des électeurs inscrits. Cette nouvelle bannière a été hissée le 28 novembre dernier à l’occasion de la célébration du 57e anniversaire de l’indépendance dans la ville de Kaédi.

Dans les rangs de l’opposition, notamment au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), on estime que «ces jeunes ont été arrêtés sans motif valable». Tel est l’avis notamment de Yahya Ould Ahmed Waghef, leader du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-Adil) et ancien Premier ministre.

Certains observateurs s'accordent à dire que la prudence du magistrat s'explique par le fait qu'il attend des instructions précises, l'éclairant dans la démarche à suivre dans le cadre du traitement d’une affaire dont la dimension est exclusivement politique.

Ces jeunes arrêtés ont pour nom Abass Diagana (TPMN) et Mohamed Ould Dahane El Hacen Ould Mezid, Cheikh Diabira, Abbas Diakhité, Mariam Mint Belil, Aboubacar Ould El Bouh...

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/12/2017 à 16h17, mis à jour le 19/12/2017 à 17h14