Mauritanie. Droits de l'homme: guerre de tranchées entre gouvernement et ONG à Genève

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Le 02/05/2018 à 16h57, mis à jour le 02/05/2018 à 17h04

Genève, capitale des Nations Unies pour les droits de l'Homme, est, en marge de la réunion du Comité pour l'élimination de toutes les formes de discriminations (CERD), le théâtre d'une rude "bataille" entre le gouvernement mauritanien et des ONG nationales et internationales.

Le gouvernement mauritanien et plusieurs ONG nationales et Internationales de droit de l'Homme sont engagés dans une véritable guerre de tranchées sur des sujets liés aux droits humains, dans le cadre d’une réunion du Comité des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination (CERD), qui tient actuellement ses assises à Genève, en Suisse.

Les ONG nationales impliquées dans cette bataille sont l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), représentée notamment par son leader, Biram Ould Dah Ould Abeid, le Forum national des organisations de droits humains (FONADH), collectif composé d’une vingtaine d’associations, qui a délégué Lalla Aicha Sy, Aminetou Mint Moctar, Sneiba El Kory et Salamata Sy, et l’Association des Haratines de Mauritanie en Europe (AHME), pour laquelle siège Dicko Hanoune.

Les associations mauritaniennes sont appuyées par d’autres ONG de défense des droits humains de renommée mondiale, à l’image d’Amnesty International (AI).

Rapportant les débats de la séance du mardi, un communiqué de l’IRA annonce que les ONG ont posé au Commissaire aux Droits de l’Homme de Mauritanie, Cheikh Tourad Ould Abdel Malik, une série de questions portant sur des sujets de vive préoccupation.

Celles-ci concernent «l’esclavage, la discrimination contre les Haratines, le racisme d’Etat contre les ethnies noires, les disparitions forcées qui ont touché les cadres civils et militaires noirs, les lois controversées sur le racisme, l’affaire du blogueur Mohamed ould M’Kheitir, la nouvelle législation relative à l’apostasie, la loi sur la nationalité, la législation relative à l’enregistrement des ONG et des partis politiques».

Après avoir essuyé ce feu nourri de questions, la délégation gouvernementale, venue présenter son rapport aux experts, a demandé une suspension de la séance de 12 heures d’horloge pour apporter des réponses, informe le communiqué publié par l’IRA.

Ainsi, cette guerre de tranchées devrait se poursuivre au cours des prochaines heures, avec la réponse attendue des officiels, qui semblent avoir préféré reprendre langue avec Nouakchott, et au plus haut niveau, avant de jeter toutes leurs forces dans la bataille pour apporter une réplique appropriée.

L’épisode d’une nouvelle bataille à Genève vient prolonger une tradition d’affrontements entre le gouvernement mauritanien et les associations de défense des droits humains mauritaniennes, présentées par le pouvoir comme «les ennemis» du pays. Une guerre inaugurée au début des années 1990 sous le magistère du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et qui est loin de s'estomper sachant que les maux incriminés à l'ancien régime n'ont pas été résolus, sinon que très partielement par le régime actuel. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 02/05/2018 à 16h57, mis à jour le 02/05/2018 à 17h04