Mauritanie: le porte-parole du gouvernement relance la polémique sur le 3e mandat

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie.

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie. . DR

Le 22/07/2018 à 14h48, mis à jour le 22/07/2018 à 14h58

Mohamed Lemine Ould Cheikh, ministre de la Culture, de l'artisanat et porte-parole du gouvernement, relance la polémique sur un 3e mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz, à quelques semaines d'élections législatives, régionales et municipales prévues le 1er septembre prochain.

En Mauritanie, la question du 3e mandat est loin d'être tranchée, malgré les assurances du président maintes fois répétées. Mohamed Lemine Ould Cheikh, ministre de la Culture, de l’artisanat et porte-parole du gouvernement de Mauritanie, a relancé la polémique sur cette question jeudi dernier, au cours du point presse consacré aux commentaires des résultats des travaux de la réunion hebdomadaire du gouvernement.

Le porte-parole du gouvernement mauritanien a notamment affirmé que «ceux qui croient que le président Mohamed Ould Abdel Aziz va céder le pouvoir en 2019 sont dans l’illusion. Penser que le président de la République va partir dans 10 à 11 mois relève d’un rêve, les jours et événements à venir confirmeront mes paroles. Car, le peuple mauritanien dans sa majorité, c’est-à-dire à 90%, est attaché à la personne du président de la République».

La déclaration du porte-parole du gouvernement mauritanien est en contradiction flagrante avec les propos du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui affirmait début juillet, sur les antennes de la chaîne de télévision France24: «je respecterais la Constitution, car c’est ma conviction. Cette histoire de troisième mandat relève d’une propagande de l’opposition, mais elle sera balayée par la réalité».

Au-delà de ce nouvel épisode, qui intervient à quelques semaines d’élections législatives, régionales et municipales prévues le 1er septembre prochain, on peut noter que les déclarations de ce type par le président, aussitôt contredites par certains de ses ministres, sans suite ni conséquence, sont un fait récurrent depuis près de deux ans.

Reste que la Constitution mauritanienne de juillet 1991, modifiée par voie référendaire le 25 juin 2006, limite à deux le nombre de mandats du président de la République, grâce à des dispositions totalement verrouillées.

Ainsi, l’article 28 (nouveau) affirme-t-il: «le président de la République est rééligible une seule fois». L’article 29 (nouveau) ajoute «le président de la République nouvellement élu, entre en fonction à l’expiration du mandat de son prédécesseur.

Avant d’entrer en fonction, le président de la République prête serment en ces termes: «je jure par Allah l’unique de bien remplir mes fonctions, dans le respect de la Constitution et des lois, de veiller à l’intérêt du peuple, de sauvegarder l’indépendance et la souveraineté du pays, l’unité de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je jure par Allah l’unique, de ne pas prendre ni soutenir, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives aux conditions de la durée et du renouvellement du mandat du président de la République, prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution».

Désormais, le serment présidentiel interdit clairement la réélection à la magistrature suprême plus d’une fois. Mais,après le coup du référendum, certains pensent que tout est possible, d'autant plus que les soutiens au 3e mandat sont considérés comme des fidèles du président qui ne sont jamais rappelés à l'ordre. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 22/07/2018 à 14h48, mis à jour le 22/07/2018 à 14h58