Mauritanie: entre initiatives pour un 3e mandat et indignation

Le 05/01/2019 à 08h52, mis à jour le 05/01/2019 à 08h54

La scène politique mauritanienne démarre 2019 dans la polémique et la confusion la plus totale au sujet d'un troisième mandat, dont la question est pourtant réglée par la Constitution.

Depuis l'investiture du président élu, qui a prêté serment de ne pas modifier les dispositions liées au nombre de mandats, Mohamed Ould Abdel Aziz ne peut rester au pouvoir au-delà de 2019. Pourtant, la scène politique mauritanienne a bouclé l’année 2018 dans la polémique, la confusion et les incertitudes. 

Pour beaucoup, le système démocratique est susceptible de basculer dans un sens comme dans un autre, à quelques mois d’une élection présidentielle déterminante. La faute à la relance d’un vieux débat sur un troisième mandat (anticonstitutionnel) du président Mohamed ould Abdel Aziz

A travers une infinité d'initiatives tribalo-ethno-régionalistes, des ressortissants des régions du Trarza, de l’Assaba, du Hodh occidental et de l’Adrar ont organisé des rassemblements à Nouakchott, pour réclamer le troisième mandat.

Ces dernières devraient être suivies par toutes les autres régions qui n’ont pas encore rivalisé pour montrer «leur fidélité et attachement» à la personne du président Mohamed ould Abdel Aziz.

Face à ces initiatives, onze partis de l’opposition dite modérée, c'est-à-dire plus proche du pouvoir que de l'opposition traditionnelle, expriment une vive indignation et un rejet catégorique de ces pratiques d'un autre âge, à travers une déclaration écrite rendue publique le lundi 31 décembre.

«Nous, partis politiques regroupés au sein du bloc de l’opposition dialoguiste, dénonçons vigoureusement cette campagne des courtisans du régime. Informons l’opinion publique nationale, l’ensemble des acteurs politiques de notre pays et le corps diplomatique accrédité auprès de la République islamique de Mauritanie, de notre indignation et rejet catégorique d’une telle entreprise», peut-on-lire sur ce document.

Par ailleurs, la déclaration «demande au gouvernement mauritanien de mettre immédiatement fin à une campagne illégale, contraire aux principes et règles de la démocratie, qui représente une menace contre la paix sociale» et la stabilité du pays.

L’opposition modérée rappelle que la revendication d’un troisième mandat relève d’une démarche «en violation des articles 26 et 28 de la Constitution et des conclusions d’un dialogue national organisé en septembre/octobre 2016».

Les dispositions relatives à la limitation des mandats du président de la République en Mauritanie sont des clauses d’éternité et ne peuvent faire l’objet d’aucune révision. Le président élu prête serment de les respecter au moment de son investiture.

Les partis signataires de cette déclaration sont:

1- Alliance populaire progressiste

2- PMC, Arc-en-ciel

3- Parti du dialogue et de la démocratie

4- HAMAM

5- TEMAM

6- Nouvelle génération

7- Union de la jeunesse démocratique (UJD)

8- Ribat démocratique (RD)

9- Parti des masses mauritaniennes (PMM)

10- Bloc de la citoyenneté (BC)

11- Parti de la constitution et du progrès (PCP).

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 05/01/2019 à 08h52, mis à jour le 05/01/2019 à 08h54