Mauritanie. "Marche contre l'extrémisme et la haine": pourquoi l'opposition est non partante

Mohamed ould Abdelaziz, président de la Mauritanie.

Mohamed ould Abdelaziz, président de la Mauritanie. . DR

Le 07/01/2019 à 17h59, mis à jour le 07/01/2019 à 17h59

Invité à la marche contre "l'extrémisme et la haine" prévue pour le mercredi 9 janvier, le FNDU, un collectif de l'opposition mauritanienne, annonce son refus de prendre part à cette initiative. Il en explique les raisons à travers un communiqué-réquisitoire contre le régime en place.

Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un rassemblement de l’opposition mauritanienne composé de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, ne prendra pas part à la marche «Contre l’extrémisme et la haine» à l’appel de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité, prévue le mercredi 9 janvier, annonce un communiqué rendu public dimanche soir.

Au plan de la forme, le rassemblement de l’opposition refuse de participer à une manifestation dont il n’a pas été associé à l’organisation et à la définition des objectifs.

Dans le fond, le FNDU «s’étonne de l’intérêt tardif pour l’unité nationale de la part d’un régime qui vit les derniers jours de son règne, après plus d’une décennie au pouvoir, sans aucun projet de société visant la consolidation de l’unité nationale et le renforcement de la cohésion sociale».

Au contraire, estime le collectif de l’opposition mauritanienne «cette période a vu l’exacerbation de l’injustice, de l’exclusion et de la marginalisation dont souffrent de larges franges de notre peuple, ainsi que l’iniquité dans la répartition des ressources nationales et des emplois publics. Une période marquée par la montée du discours extrémiste appelant à la haine et à la discorde, répandu à travers les réseaux sociaux, les chaînes de télévisions et de radios, sans que le pouvoir manifeste la moindre réaction».

Par ailleurs, le FNDU estime «que les manifestations superficielles et démagogiques ne constituent pas une solution pour la question de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Nous avons toujours soutenu que la solution réside dans un dialogue national qui diagnostique les injustices et leur trouve une issue heureuse, efficiente et consensuelle. C’est à cette démarche que nous invitons les partenaires politiques, alliés du pouvoir et opposants, ainsi que l’ensemble des organisations de la société civile et des droits de l’homme, les leaders d’opinion et penseurs, car c’est la seule voie sérieuse pour éviter à notre peuple les risques de la discorde et capable de garantir le vivre ensemble auquel nous aspirons tous dans l’unité et l’harmonie».

Fin octobre, plusieurs responsables de l’opposition mauritanienne ont tiré la sonnette d’alarme et dénoncé l’exclusion de certaines communautés nationales suite à la formation d’un gouvernement consécutivement aux élections législatives des 1 et 15 septembre.

Il y a une quinzaine de jours, Mme Coumba Dada Kane, députée issue des rangs de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), remarquait que «les écoles d’excellence militaire étaient la chasse gardée d’une seule communauté».

Enfin, il faut souligner que pour la réussite de cette marche qui sera dirgée par le chef de l'Etat en personne, les départements ministériels mobilisent tous les hauts cadres et agents pour cette manifestation aux objectifs inavoués.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/01/2019 à 17h59, mis à jour le 07/01/2019 à 17h59