La candidature à l’élection présidentielle mauritanienne 2019 de Mohamed ould Cheikh Ahmed Ghaouani, ministre de la Défense, ancien chef d’Etat-major général des armées (CEMGA), officialisée vendredi dernier, le 1er mars 2019 par une large coalition de la majorité, est perçue, tant dans les salons et que dans les cafés de Nouakchott, comme le fruit d’une décision «unilatérale» du président Mohamed ould Abdel Aziz.
Pour l'ensemble des Mauritaniens, l'actuel président sortant, auteur d'un putsch militaire le 6 août 2008, et aujourd'hui exclu de la course à la présidentielle 2019 par les dispositions de la constitution du 20 juillet 1991, à cause de la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, serait à l'origine de la candidature imposée de Ghazouani.
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Interrogé sur la candidature de son compagnon d’armes et vieil ami de plus de 35 ans, hier, lundi 4 mars dans l'après-midi, en marge d’une cérémonie de pose de la première pierre de nouvelles infrastructures, qui seront bientôt édifiés dans le centre-ville de Nouakchott, le président mauritanien a lâché une petite phrase, de nature à tirer au clair les conditions de la candidature de Ghazouani.
Ainsi, lorsqu'un journaliste a dévuté la formulation d'une question par un inachevé: «vous avez présenté un candidat à l’élection présidentielle 2019...», Ould Abdel Aziz l’a immédiatement interrompu et rectifié: «je ne l’ai pas présenté. Il s’est porté candidat lui-même».
En clair, Ghazouani n'a pas été imposé par le président sortant pour en assurer la succession. Mais voilà: pour bon nombre de Mauritaniens, cette version donnée par le président n'a pas d'autre objectif que de montrer le sérieux et le caractère autonomie de la candidature du ministre de la Défense.
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Accusé d'être placé par le président Ould Abdel Aziz, Ghazouani tente de se démarquer, parfois avec éclat. En effet, son discours «ouvert et consensuel» qu'il a prononcé vendredi dernier à l’occasion de la cérémonie de son investiture, tranche radicalement avec la rhétorique «guerrière» servie par Ould Abdel Aziz depuis plusieurs années.
Nombre de Mauritraniens pensent de leur côté que ce candidat, présenté comme le choix de l’institution militaire, dont l’influence sur le jeu politique depuis plus de 40 ans est écrasante, devrait pouvoir imprimer sa touche personnelle à l’exercice de la charge suprême. Une fois élu, bien entendu.