Mauritanie. Polémique sur le gel des 2 milliards à Dubaï: le combat pour la libération de 2 blogueurs s'internationalise

DR

Le 22/05/2019 à 15h44, mis à jour le 22/05/2019 à 19h30

La défense de deux blogueurs détenus à titre provisoire depuis mars dernier internationalise le combat pour leur libération. Les détenus sont arrêtés dans le cadre de l'affaires du gel d'un compte bancaire de 2 milliards de dollars, à Dubaï, qui appartiendrait à une haute personnalité mauritanienne.

Mohamed ould Weddady, ancien journaliste et Cheikh ould Jiddou, juriste, sont poursuivis pour «dénonciation calomnieuse». 

Les avocats des deux blogueurs, maîtres Brahim ould Ebetty du barreau de Nouakchott et Henry Thulliez du barreau de Paris, ont annoncé hier soir, mardi 21 mai, avoir saisi le Groupe de Travail de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la détention arbitraire, au sujet de leur cas.

Dans leurs écrits, ces deux personnes ont régulièrement dénoncé «la mauvaise gouvernance en Mauritanie» et mis en cause le pouvoir.

Dans le cas présent, il leur est reproché la diffusion d’informations tirées d’organes de la presse étrangère portant sur «le potentiel gel d’un compte bancaire de 2 milliards de dollars, par les autorités de Dubaï, qui appartiendrait à une haute personnalité mauritanienne».

Ils avaient cité nommément le chef de l’Etat sortant, Mohamed ould Abdel Aziz. 

Un communiqué du parquet général près la Cour suprême a réfuté ces allégations, à la lumière d’une enquête menée auprès des institutions nationales concernées et des autorités des Emirats Arabes Unis (EAU).

Par ailleurs, les blogueurs avaient également mené une enquête sur une vaste affaire d’escroquerie immobilière (connue sous le nom de l’affaire Cheikh Ridha) dont le présumé auteur n’a pas été inquiété par la justice, pour des raisons non encore élucidées.

Maîtres Brahim ould Ebetty et Henry Thulliez dénoncent «un dossier d’accusation vide et des poursuites pour dénonciation qui ne reposent sur aucun fondement. Clairement, le régime mauritanien cherche à intimider toute personne qui dénonce publiquement l’impunité orchestrée par celles et ceux qui profitent de la mal-gouvernance. Ils doivent être libérés immédiatement», peut-on ainsi lire sur la déclaration.

Plusieurs ONG internationales ont dénoncé l’arrestation de ces blogueurs.

Le Groupe de Travail sur la détention est un organisme mandaté par l’ONU regroupant des experts indépendants dans le domaine des droits humains, qui enquêtent sur des cas d’arrestation et de détentions non conformes à certains principes universels, et de nature à constituer une violation des droits attachés à la dignité humaine.

Dans le passé, le Groupe de Travail de l’ONU sur la détention arbitraire a eu à dénoncer plusieurs cas en Mauritanie dont l'emprisonnement d’un blogueur, d’un militant anti-esclavagiste et d’un ancien sénateur en 2017.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 22/05/2019 à 15h44, mis à jour le 22/05/2019 à 19h30