Mauritanie. Présidentielle: Amnesty invite les candidats à s'engager en faveur des droits humains

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Le 05/06/2019 à 14h51, mis à jour le 05/06/2019 à 14h53

L'ONG Amnesty International (AI) invite les candidats à l'élection présidentielle du 22 juin 2019 en Mauritanie, à prendre des engagements de rupture avec la culture de violation des droits humains fondamentaux.

La Mauritanie s'achemine vers la dernière ligne droite d'une élection présidentiell, prévue le 22 juin prochain. Un tournant capital de l’histoire politique du pays, pour l’ancrage de la démocratie et de l’état de droit.

Les prétendants au fauteuil présidentiel devraient entamer aux cours des prochaines 48 heures un marathon: celui de la campagne électorale, qui les conduira dans toutes les régions du pays, les départements et autres localités de moindre importance, en vue de solliciter le suffrage des électeurs.

C'est là un contexte propice pour exiger des engagements forts, par rapport à certaines questions vitales qui ont trait à la gouvernance.

Ainsi, dans un document publié mercredi dernier, Amnesty International (AI), ONG de défense des droits humains à travers le monde, a invité les candidats à l’élection présidentielle à s'engager en faveur de la protection et de la promotion des droits humains. 

«Il faut que le futur président rompe avec les décennies de violations flagrantes des droits humains en menant des réformes et en changeant des pratiques de sorte que les droits humains soient pleinement respectés», exhorte l’ONG.

Dressant un bilan du pouvoir actuel, le communiqué indique qu’entre juin 2014 et mai 2019, «les organisations de défense des droits humains ont recueilli des informations suivant lesquelles plus de 44 associations œuvrant à la protection et à la promotion de l’homme n’ont jamais été autorisées à mener leurs activités. Plus de 174 défenseurs des droits humains ont été arrêtés arbitrairement, et 17 d’entre eux au moins ont été torturés et soumis à de mauvais traitements».

Amnesty évoque également les problèmes liés «à la détention provisoire, la surpopulation carcérale, la suppression des centres de détention privés afin de prévenir la torture et les autres formes de mauvais traitements». 

Pour AI, «il faut que tous les candidats s’engagent publiquement à signer le manifeste qui fait des droits humains une priorité». 

Sur un plan historique, la Mauritanie traîne toujours ce boulet des exécutions extra-judiciaires visant plusieurs centaines de militaires noirs, perpétrés entre septembre 1990 et février 1991. Les présumés auteurs de ces exactions sont couverts par une loi d’amnistie, contestée par les familles des victimes et les ONG de défense des droits humains.

Dans la perspective du scrutin présidentiel du 22 juin 2019, excluant le président en exercice, Mohamed ould Abdel Aziz, constitutionnellement limité à deux mandats successifs, le Conseil constitutionnel a validé six candidatures.

Mohamed Cheikh Ahmed Mohamed Ghazouani (majorité-ancien chef d’état major et ex ministre de la défense), Sidi Mohamed ould Boubacar (indépendant ancien Premier ministre soutenu par une partie de l’opposition), Biram Dah ould Abeid de la coalition SAWAB/RAG-militant anti-esclavagiste, Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès et candidat de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD)-Changeons d’Ere-, Kane Hamidou Baba (Coalition Vivre Ensemble-CVE) et Mohamed Mutaj El Wafi (indépendant).

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 05/06/2019 à 14h51, mis à jour le 05/06/2019 à 14h53