Mauritanie. Tensions post-électorales: Reporters sans frontières dénonce la coupure d’Internet

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Le 25/06/2019 à 15h27, mis à jour le 25/06/2019 à 15h29

La coupure d’Internet par les sécuritaires mauritaniens en cette période de tensions post-scrutin présidentiel du 22 juin 2019 fait des vagues. Elle suscite en tout cas une vive colère chez les usagers et bien au-delà.

A l'instar d'un certain nombre de pays africains dictatoriaux, le gouvernement mauritanien a recouru à la méthode de coupure pure et simple d'internet afin d'éviter la diffusion d'informations via le réseau WhatsApp et casser ainsi le mouvement de contestation qui remet en cause les résultats de la présidentielle.

Le réseau WhatsApp a été interrompu quelques heures seulement avant la publication des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ce black-out intervient suite aux premières tensions dans la rue, consécutives à l'annonce unilatérale du candidat de la majorité présidentielle de sa victoire avant l'institution en charge des élections.

Cette coupure intempestive de l'internet mobile est dénoncée par les usagers des réseaux sociaux, mais pas seulement.

Ainsi, Reporters sans frontières (RSF), organisation de défense de la liberté de la presse à travers le monde, a vigoureusement condamné la coupure d'internet en Mauritanie et a appelle au rétablissement immédiat du réseau à travers un communiqué rendu public ce mardi.

«Censurer le réseau Internet et empêcher les informations de circuler dès le lendemain d’une élection présidentielle censée marquer la première passation de pouvoir démocratique entre 2 présidents élus jette le discrédit sur le processus électoral en cours et envoie un très mauvais signal pour la liberté de l’information en Mauritanie», affirme Arnaud Froger, responsable bureau Afrique-RSF.

«Nous condamnons vivement cette pratique qui prive les journalistes d’un outil de travail indispensable et l’ensemble des Mauritaniens d’un accès essentiel aux informations produites en ligne. Nous exhortons les autorités à rétablir le réseau sans délai et dans son intégralité», ajoute le responsable du bureau régional de RSF.

La mesure dénoncée par RSF intervient dans un contexte post-électoral de vives tensions, avec quatre opposants contestant la victoire de Mohamed ould Ghazouani dès le premier tour du scrutin présidentiel du 22 juin 2019. Ce candidat de la majorité est un ex-général qui a pris sa retraite en octobre 2018, alors qu'il était chef d’état-major des armées, et n'a passé que cinq mois au poste de ministre de la Défense, avant de se lancer dans la course à la présidence.

Ould Ghazouani, qui a été déclaré élu avec 52,01% des suffrages par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), est un ami du président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz, qui l'a proclamé dauphin et soutenu pendant la campagne électorale.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 25/06/2019 à 15h27, mis à jour le 25/06/2019 à 15h29